Comment montrer un travail de mémoire ?

Nous sommes dépositaires d’une histoire qui n’est pas la nôtre, qui est celle de nos ancêtres et que nous hébergeons sans le savoir.

#mémoire #histoire #récit

Questionnements

Comment devenir acteur d’une mémoire collective et citoyenne ? Comment l’artiste commémore*-t-il un événement ou un personnage pour perpétuer le souvenir d’une présence ? En quoi votre présentation favorise-t-elle l’expression d’un travail de mémoire ? La commémoration* induit-elle une organisation, une syntaxe, des codes ?

* Commémorer : célébrer la mémoire d’un événement ou d’une personne.
* Commémoration : action de rappeler le souvenir d’une personne ou d’un événement.

À partir de photographies d’un aïeul

Chaque élève numérise les photographies choisies à l’aide d’un appareil photo numérique ou d’un scanner afin de préserver les originaux.

Méthodologie :

  1. suite à la présentation du sujet, réalisation commune d’une carte mentale qui aidera les élèves à s’interroger sur la présentation des images
  2. regroupement par équipe de deux ou trois ; écriture du projet de présentation
  3. croquis des points de vue les plus significatifs du lieu de monstration ; liste des caractéristiques intrinsèques au lieu (: galerie de l’établissement, couloirs ou autres lieux)
  4. en salle informatique, intervention sur les images numériques retenues : retouche, correction, modification…
  5. optimisation pour l’impression (numérique ou sérigraphique ou autre) ou de la vidéo projection
  6. préparation des accessoires et des matériaux utilisés pour le projet
  7. mise en espace des images pour leur présentation au public : installation, accrochage, vidéo projection

Attention, les élèves n’ont à leur disposition que le matériel habituel.

Butadès de Sicyone

La fille du potier Butadès de Sicyone amoureuse d’un jeune homme qui partait pour un lointain voyage, renferma dans des lignes, l’ombre de son visage projeté sur une muraille par la lumière d’une lampe ; le père appliqua de l’argile sur ce trait et en fit un modèle qu’il mit au feu avec ses autres poteries. On rapporte que ce premier relief se conserva dans le Nymphaeum (monument consacré aux nymphes) jusqu’à la destruction de Corinthe par Mummius (soit env. 200 ans).

Ce mythe relaté par Pline l’Ancien (23-79) fut considéré au début du 18ème siècle comme l’origine de la peinture et de la sculpture.

Christian BOLTANSKI, Reliquaire, 1990
 

Références artistiques possibles

  • Ernest PIGNON-ERNEST, Rimbaud, 1978, 400 sérigraphies. Les sérigraphies, tirées à plusieurs exemplaires sont collées sur différents lieux, diverses surfaces à Charleville et Paris. Les photographies permettent de conserver la mémoire de l’évènement.
  • Hiromi TSUCHIDA, photographies faites en 1979 à partir des restes d’objets trouvés à Hiroshima ou conservés par les survivants et exposés au Mémorial d’Hiroshima – une robe déchirée, le verre d’une paire de lunettes, une boîte à repas carbonisée, une chevelure. Ici aussi, seuls les objets sont montrés, en noir et blanc, dans un cadrage serré, sur un fond neutre, comme des signes du désastre qui suffisent, sans effet spectaculaire, à montrer l’indicible. 
  • Christian BOLTANSKI, Reliquaire, 1990, installation, photographies, cadres en acier, tissu, lampes et fils
  • Jochen GERZ, 2146 Pierres, Monument invisible contre le racisme, 1993. L’œuvre est constituée de plus de deux mille pavés, progressivement descellés sur la place du château de Sarrebrück – ancien siège de la Gestapo – gravés chacun du nom d’un cimetière juif profané entre 1933 et 1945, puis replacés, face contre terre.
  • Jochen GERZ, Monument vivant de Biron, 1996, monument aux ports, 360x316x316 cm. Sur l’ancien monument aux morts situé devant une halle en bois dans la commune française de Biron, dans le département de la Dordogne, l’artiste a disposé, de manière aléatoire et anonyme, des plaques sur lesquelles sont gravées les réponses des habitants à la question : « Qu’est ce qui serait assez important, selon vous, pour risquer votre vie ? ».
  • Arno GISINGER, Invent Arisiert, 2000, photographies d’une centaine d’objets confisqué à huit familles juives en 1938. Cette œuvre réalisée à la demande du Mobilier national autrichien (Hofmobiliendepot) s’inscrit pleinement dans la continuité de la réflexion de l’artiste sur la représentation visuelle de l’Histoire et de la mémoire.
  • Éric BAUDELAIRE, The Dreadful Details, 2006, photographie. Tout est faux ! Les photographies de presse sont reconstituées dans des studios d’Hollywood jusqu’aux détails les plus macabres.
  • Anselm KIEFER, Chevirat Hakelim (Le bris des vases), 2007, plomb, verre. Pour l’artiste « l’histoire est un matériel comme la couleur, la toile » il l’utilise comme un matériau plastique.
  • Sophie CALLE, Souvenirs de Berlin-Est, 2013, Éd. Actes sud, 79 pages. À Berlin, de nombreux symboles de l’ex-Allemagne de l’Est ont été effacés. Sophie Calle enquête dans la ville et remarque que ces symboles ont laissé des traces dans le paysage. Elle photographie alors leur absence et interroge les passants pour la description de leurs souvenirs. Son exposition met en parallèle les photographies et les témoignages.
    « J’ai remplacé les monuments manquants par le souvenir qu’ils ont laissé, » dit-elle.
  • Anne et Patrick POIRIER, Alep, 2015, tapis en laine, soie et fibre de bambou, 370×440 cm, Galerie Mitterrand, Paris.

Questionnement(s)

  • La représentation ; images, réalité et fiction : la création, la matérialité, le statut, la signification des images – la conception, la production et la diffusion de l’œuvre plastique à l’ère du numérique.
  • L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • Recourir à des outils numériques de captation et de réalisation à des fins de création artistique.
  • Prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation, y compris numérique.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5)

  • Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5)

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.
  • Expliciter la pratique individuelle ou collective, écouter et accepter les avis divers et contradictoires.

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine