Can’t beat the feelin’


Napalm ou Can’t beat the feelin’, Banksy, 1994-2004

À propos de Can’t beat the feelin’ de Banksy :
Cette sérigraphie de 1994 de Banksy (réédition en 2004), travaillée par aplat fortement marqué par la technique du pochoir, représente trois personnages. Dans cette image essentiellement en noir et blanc, nous remarquons deux parties rehaussées en jaune (symbolisant certainement la richesse matérielle) : le personnage de Mickey Mouse et celui du clown Ronald Mc Donald’s. Tous deux encadrent une fillette nue ; ils paradent la tenant fermement par l’avant-bras. De par sa position centrale et l’absence de perspective dans cette image, cette fillette est le point central de la scène. Un œil avisé (aidé par la lecture du titre de la sérigraphie) reconnait immédiatement Kim Phuc, la petite Vietnamienne de la célèbre photographie de guerre de Nick Ut (prix Pulitzer du journalisme 1973).

8 juin 1972, Trang Bang, Nick Ut

Le photographe Nick Ut avait immortalisé un groupe d’enfants fuyant les explosions de napalm sur leur village Trang Bang, le 8 juin 1972 (publiée le 12 juin 1972). La fillette, Kim Phuc, court les bras grand ouverts, le visage tordu de douleur en raison de ses brûlures. Elle vient de se débarrasser de ses vêtements en feu et fuit son village dévasté par les bombes au napalm.

Dans le cadre de l’oral de l’Histoire des arts au collège après l’analyse formelle de la sérigraphie, vous pourrez interroger le sens à donner :
– au rapprochement entre les personnages déguisés de Mickey Mouse et de Ronald Mc Donald’s et le personnage réel et nu de Kim. La photographie d’archive, témoignage d’un passé douloureux, s’invite ici entre deux mascottes du divertissement, icônes incontournables de la société américaine ;
– à la juxtaposition de la silhouette dénudée de Kim, clairement un symbole de vulnérabilité et de faiblesse et des deux personnages américains, symboles de pouvoir et de puissance ;
– à l’ironie du sourire forcé et sinistre de Kim encadrée de ces mascottes héroïnes des parades habituellement sympathiques et amies des enfants ;
– à la représentation de cette parade et de ses titres : Napalm : produit militaire incendiaire ; Can’t beat the feelin’ : slogan publicitaire de Coca-Cola en 1987 ;
– à la violence de la situation : deux adultes tenant avec force une petite fille nue (Banksy fait certainement allusion au travail des enfants en Asie, thème repris dans le générique de l’épisode 3 de la saison 22 des Simpson auquel il a participé).

Dans cette œuvre engagée, Banksy dénonce avec ironie l’impérialisme américain au travers des symboles de réussite du capitalisme – Walt Disney et Mc Donald’s, nous invitant à réfléchir sur l’impact culturel de la société américaine et la politique ultralibérale de leurs grandes multinationales dans le monde.


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