Point et ligne sur plan

En 1926, le peintre Vassily KANDINSKY fait paraître un petit ouvrage intitulé Point et ligne sur plan. Il y présente sa théorie des formes enseignée au Bauhaus. Son propos : poser les règles internes, dégager la grammaire picturale qui régit l’acte de peindre. La création pour Kandinsky ne suit pas des critères aléatoires, mais apparaît comme un jeu formel libre, au sein de règles strictes.

Proposez pour votre peinture une organisation non aléatoire des éléments géométriques qui la composeront, à savoir le « point» et la « ligne2 ». 

#abstraction

Point, ligne, plan pour Vassily KANDINSKY

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vassily_Kandinsky

  1. Le « point » est dans la pratique une petite tache de couleur déposée par l’artiste sur la toile. Le point qu’utilise le peintre n’est donc pas un point géométrique, il n’est pas une abstraction mathématique, il possède une certaine extension, une forme et une couleur.
  2. La « ligne » est le produit d’une force, elle est un point sur lequel une force vivante s’est exercée dans une certaine direction, la force exercée sur le crayon ou sur le pinceau par la main de l’artiste.
  3. Le « plan originel » est en général rectangulaire ou carré, il est donc composé de lignes horizontales et verticales, qui le délimitent et qui le définissent comme un être autonome, qui va servir de support à la peinture en lui communiquant sa tonalité affective.

Questions

Comment peut-on organiser la surface dessinée, peinte d’une œuvre non figurative ? Dans quelle mesure l’œuvre peut-elle être une auto-citation de sa propre référence ? En quoi les potentialités plastiques et artistiques des constituants de l’œuvre peuvent-elles ne pas faire image ?

Références artistiques possibles

  • Robert DELAUNAY, Disque simultané, 1913, huile sur toile, D : 134 cm, Basel, Collection Esther Grether
  • Alexander RODCHENKO, Composition au compas, 1915, crayon et encre sur papier, 43 × 26,2 cm, Mead Art Museum at Amherst College
  • Piet MONDRIANComposition en rouge, jaune, bleu et noir, 1921, huile sur toile, 59.5 × 59.5 cm, musée d’Art de La Haye- Pays-Bas
  • Vassily KANDINSKY, Composition VIII, 1923, huile sur toile, 140 × 201 cm, New York, Solomon R. Guggenheim Museum
  • Laszlo MOHOLY-NAGY, ZII, 1925, huile sur toile, 95,4 × 75,1 cm, New York, MoMA.
  • Richard Paul LOHSE, 6 rangées de couleurs verticales systématiques, 1972, huile sur toile, Musée de Grenoble. L’organisation de la grille répond aux contraintes d’un carré latin de 6 lignes et colonnes (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Carré_latin).
  • BMPT est le nom d’un groupe de quatre artistes : Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni, créé en décembre 1966, et dissous en décembre 1967.
    Dans ses peintures, le groupe BMPT marque le refus de communiquer le moindre message et s’abstient de toute émotion. Il revendique une répétition de motifs choisis :
    • Daniel BUREN : sur des toiles de store à bandes verticales alternées, blanches et colorées, d’une largeur de 8,7 cm et de 2,50 × 2,50 m, Buren recouvre de blanc les deux bandes extrêmes de la toile.
    • Olivier MOSSET : sur des toiles blanches de 2,50 × 2,50 m, Mosset peint, au centre, un cercle noir (diamètre intérieur : 4,5 cm, diamètre extérieur : 7,8 cm).
    • Michel ARMENTIER : sur des toiles blanches de 2,50 × 2,50 m, Parmentier peint à la bombe des bandes horizontales, alternées gris et blanc, le blanc (en réserve) étant obtenu par le pliage horizontal de la toile avant qu’elle ne soit peinte.
    • Niele TORONI : sur des toiles blanches de 2,50x × 2,50 m, Toroni applique des traces de pinceau No 50 à intervalles réguliers de 30 cm sur toute la surface.
  • Frank STELLA, Mas o Menos, 1964, poudre métallique dans émulsion acrylique sur toile, 300 × 418 cm
    Mas o Menos fait partie des Shaped Canevas (toiles mises en forme) réalisées par Frank Stella à partir du début des années 60.
    Ces œuvres se caractérisent par l’originalité de la forme de leurs châssis qui détermine l’orientation des motifs de l’espace pictural, des bandes colorées qui scandent la surface : l’espace intérieur obéit aux limites extérieures, il est comme déduit du cadre.
  • Sol LEWITT, Wall Drawing #2. Drawing Series II (A) (24 drawings), 1968 : Organisé au sein d’une grille, le Wall Drawing #2. Drawing Series II (A) (24 drawings) présente l’une des quatre sections d’un système fini de combinaisons. Vingt-quatre ensembles de seize carrés proposent ainsi, sur le mode du miroir (Mirror), les différentes permutations possibles de ligne droite positionnée dans les quatre directions géométriques fondamentales (verticale, horizontale, diagonale à 45 degrés de gauche à droite, et diagonale à 45 degrés de droite à gauche).
    Ce système est explicité par un diagramme inscrit au mur, à côté de l’œuvre.
    La technique utilisée est le crayon à mine, appliquée directement sur le mur (traité comme une page vierge) ; les mines sont taillées de manière spécifique et assemblées en faisceaux de trois pour tracer plusieurs lignes à la fois à intervalle régulier. Les dessins muraux de LeWitt reflètent tout à la fois l’extraordinaire cohérence de ses explorations systématiques (séries et combinaisons rigoureuses d’éléments géométriques) et l’étonnante diversité de sa pratique, aussi bien dans l’évolution des formes que des matériaux utilisés.
    Les dessins conçus pour être effectués par d’autres que l’artiste sont fondés sur :
    – un vocabulaire de départ restreint, avec des formes géométriques élémentaires, ligne droite ou non droite, ligne brisée, grille, carré, cercle, arc, etc.
    – une évolution du vocabulaire vers des formes plus irrégulières et complexes telles les courbes, les boucles et une évolution du traitement avec l’emploi du crayon à mine, du pastel gras, de l’encre de Chine, de la peinture acrylique ou encore du graphite.
    (source : fiche pédagogique du Centre Pompidou-Metz : Sol LEWITT Dessins muraux de 1968 à 2007)
  • Ernest T., Peinture nulle n°70, 1989-2009, acrylique sur toile montée sur châssis déformée, 61 × 61 × 10 cm

Sol LEWITT, Drawing Series IV (A) with India ink washes (24 Drawings), March 1984, India ink wash

Installation de l’exposition Sol LeWitt: A Wall Drawing Retrospective | MASS, Stockholm
http://massmoca.org/sol-lewitt/


Questionnement(s)

La représentation plastique et les dispositifs de présentation :

  • l’autonomie du geste graphique, pictural, sculptural : ses incidences sur la représentation, sur l’unicité de l’œuvre, son lien aux notions d’original, de copie, de multiple et de série,
  • les différentes catégories d’images, leurs procédés de fabrication, leurs transformations : la différence entre images à caractère artistique et images scientifiques ou documentaires, l’image dessinée, peinte, photographiée, filmée, la transformation d’images existantes dans une visée poétique ou artistique,

Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace :

  • l’hétérogénéité et la cohérence plastiques : les questions de choix et de relations formelles entre constituants plastiques divers, la qualité des effets plastiques induits ; le sens produit par des techniques mixtes dans les pratiques bidimensionnelles et dans les fabrications en trois dimensions,
  • l’invention, la fabrication, les détournements, les mises en scène des objets : création d’objets, intervention sur des objets, leur transformation ou manipulation à des fins narratives, symboliques ou poétiques ; la prise en compte des statuts de l’objet (artistique, symbolique, utilitaire, de communication) ; la relation entre forme et fonction,

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Composantes théoriques

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5)

  • Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.
  • Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5)

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Composantes culturelles

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


*Détail de Composition VIII, Vassily KANDINSKY, juillet 1923, huile sur toile, 140 × 201 cm, Solomon R. Guggenheim Museum, New York


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