Armory Show

États-Unis, N.Y. ,1913

L’Armory Show (International Exhibition of Modern Art) se tint à New York dans la caserne du 69e régiment d’infanterie située à l’angle de Lexington Avenue et de la 25e rue, du 17 février au 15 mars 1913. Elle accueillit trois cent mille visiteurs et déclencha l’un des plus beaux scandales de l’histoire de l’art.
L’idée d’une exposition d’art moderne était née dans l’esprit de quelques artistes indépendants à la suite de ce qu’ils ont pu voir dans la galerie d’Alfred Stieglitz, qui a été le premier à exposer des oeuvres de Picasso et de Matisse à New York. L’art de l’avant-garde européenne était pratiquement inconnu aux États-Unis. Walt Kuhn et Arthur B. Davies, aidés par le célèbre marchand de tableaux Ambroise Vollard et par Walter Pach, seront les deux initiateurs de l’Armory Show. Bien que parmi les mille six cents oeuvres exposées un tiers seulement soient européennes, ce sont ces dernières qui retiennent surtout l’attention du public et de la critique dans la mesure où elles sont plus novatrices, révolutionnaires. « J’avais l’idée totalement démodée que les portraits devaient représenter leur modèle, les marines la mer et les paysages la nature », ironise Julian Street dans Evervbody’s Magazine. Et ce même critique, devant Nu descendant un escalier (1912) de Marcel Duchamp, la toile la plus en vue de l’exposition, fait observer qu’il crut identifier « une explosion dans une fabrique de tuiles ». L’ancien président Theodore Roosevelt, venu à titre privé, s’est exclamé, péremptoire : « Ce n’est pas de l’art ! » Quant à la peinture de Matisse, elle est généralement jugée « indécente » ou « épileptique » par ceux qui ne comprennent pas que l’artiste ne vise nullement à ridiculiser la figure humaine, mais cherche avant tout à l’exprimer par la couleur.
Toutefois, ces diverses réactions n’en marquent que mieux la totale nouveauté de ce qui est exposé à l’Armory Show. Matisse, bien sûr, mais également les cubistes et les futuristes auxquels est consacrée une salle commune, dénommée par certains « chambre des horreurs ». Les uns et les autres livrent un gigantesque combat avec l’objet : leurs toiles ne sont plus que guitares et violons brisés, constructions prismatiques, déchirure du tissu spatial traditionnel avec la volonté de rendre visible aussi bien la vitesse que la quatrième dimension. Autre événement considérable : les quarante tableaux et dessins d’Odilon Redon qui, bien que Français, est peu et mal connu en France.
Après New York, l’Armory Show ira à Boston et à Chicago où elle devrait attirer les mêmes critiques (des étudiants en art ont brûlé en effigie des créations de Brancusi et de Matisse) et susciter les mêmes engouements.
Cette manifestation aura des retombées incalculables sur l’art américain et sur les grandes collections d’art moderne constituées aux États-Unis.


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