Ben Vautier

(1935, Naples)
Artiste d’origine suisse, installé à Nice. En 1955, cherchant une forme abstraite neuve et éventuellement choquante, il trouve celle de la banane (ou chaussette…). Peu après, il se lie avec Arman et Klein et en 1958, son magasin de disques d’occasion devient un lieu de rencontres, de discussions et d’expositions. C’est l’époque où prend forme l’école de Nice : il peut observer la concurrence entre les idées et les luttes pour la notoriété, où il repère de puissants mobiles de l’art. Tenant compte de Marcel Duchamp et du ready-made, Ben définit les deux critères qui, selon lui, valident une œuvre : la nouveauté et l’exaltation-transformation de l’ego. Dès lors, il s’approprie tout, et signe systématiquement ce qui ne l’a pas encore été (Dieu, les trous, sa propre signature). En 1962, invité par Spoerri à la Misfits Fair de Londres, il vit pendant une quinzaine de jours dans la vitrine de la galerie One. Maciunas l’invite à rejoindre Fluxus, dont il devient un ardent propagandiste dans la région niçoise : actions de rue, création du Théâtre total, acceptation de la réalité comme art. Il fixe le public, avec près de lui le panneau « Regardez-moi, cela suffit », et définit des attitudes (« Passer une bonne journée », « Ne pas parler ») comme œuvres. L’activité multiforme de Ben se répartit en publications nombreuses – où il note les artistes, dénonce les magouilles et accumule les ragots, qui constituent « le dessous de l’iceberg, une clef importante pour comprendre l’histoire de l’art » – en organisation de débats (les « Pour et contre » des années soixante-dix), en soutien aux jeunes artistes (puisqu’il s’agit toujours d’être le premier à repérer le nouveau) et, aspect le plus connu, en inscriptions (sur bois, toile, banderoles…) où il consigne ses vérités (subjectives : « Je suis jaloux des autres » ou objectives : « Cette toile pèse quatre kilos ») d’une écriture volontairement enfantine. Il élabore aussi des objets, sculptures, collages, environnements. Cette volonté de « tout dire » a pour envers la certitude de ne jamais en avoir dit assez : l’ironie peut être le masque d’une angoisse face à la question « Comment – et pourquoi – s’obstiner à produire des œuvres d’art aujourd’hui ? » S’il y a, comme il s’en plaint, trop d’objets d’art, la solution peut consister à défendre un art d’attitudes, ou à lutter pour la reconnaissance des cultures ethniques – et c’est aussi ce à quoi Ben s’emploie depuis des années.

Le site de Ben : http://www.ben-vautier.com

http://www.ben-vautier.com

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