Jochen Gerz

(1940, Berlin)
Artiste français d’origine allemande. Il étudie la sinologie et les littératures anglaise et allemande à Cologne, puis l’archéologie à Bâle. Depuis, il ne cesse de s’intéresser à l’écriture, d’abord comme poète, puis, après son arrivée à Paris en 1966, comme directeur des éditions Agentzia (avec J.-F. Bory). En mai 1968, il collabore aux Ateliers populaires des Beaux-Arts de Paris, et commence ensuite ses actions de plein air (Attention, l’art corrompt). Son intérêt pour la politique l’amène à fonder, en 1972, la Société civile d’études pratiques de la vie quotidienne. Ses premières œuvres témoignent de l’influence de la poésie visuelle : il ne cesse d’interroger les rapports art-littérature sous tous leurs aspects : livres (les Livres de Gandelu, 1976), vidéo (Parler, avec Sarkis, 1972), installations (Dachau-Projekt, 1972, le Transsibérien, documenta VI) ou performances. C’est dans son exploration de la non-correspondance entre mots et photographies que se dessine la ligne la plus continue de sa réflexion : alors que la photographie ordinaire invite à reconnaître un déjà-vu ou déjà-conçu, ses images amènent à se libérer de toute interprétation préétablie (« romantisme » des paysages, « rousseauisme » de la nature…), et les textes d’accompagnement, qui ne leur correspondent pas dans leurs évocations, creusent l’écart entre ce qui est montré et ce que le spectateur y ajoute. « Le désir de compréhension, de reconnaissance, commente Gerz, reste sans suite. » Une telle frustration peut être obtenue par des moyens en apparence plus séduisants. Ainsi en va-t-il du Mémorial hambourgeois contre le fascisme, la guerre et la violence (1989), colonne de 10 mètres revêtue de plomb sur laquelle les passants peuvent graver leur nom : par son poids, la colonne s’enfonce lentement dans le sol…


Monument contre le fascisme, 1986, Hambourg


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