Dan Graham

(1942, Urbana, Illinois)
Artiste américain. En 1964, il s’occupe brièvement d’une galerie new-yorkaise, et cette expérience oriente durablement ses recherches sur le rôle de la présentation (en galerie, dans les revues) dans l’existence et la définition de l’œuvre d’art. Il en déduit notamment des travaux « conceptuels » destinés à être seulement publiés – ce qui suffit à établir leur statut artistique. Lorsqu’il aborde ensuite performances (entre 1969 et 1981), films et vidéo, c’est pour traiter fréquemment de la relation entre l’artiste et son auditoire (Performer / Audience Sequence, 1974), mais aussi pour opérer de subtils décalages dans la perception temporelle (Yesterday / Today, 1975), qui montrent notamment que la notion d’un présent « absolu », coupé de tout contexte psychologique ou idéologique ainsi que le revendiquent les œuvres minimalistes, n’est qu’un mythe. Depuis 1980, D. Graham synthétise ses réflexions en élaborant des Pavillons, à mi-chemin entre l’œuvre d’art et l’architecture : leurs formes géométriques simples et leurs matériaux (verre, acier, miroir) sont calculés en fonction de leur environnement et appellent leur activation par la présence des spectateurs. La collaboration de ces derniers n’a rien d’anecdotique : l’alternance entre sculptural et visuel, transparence et opacité, inclusion et exclusion suscite ce que Graham nomme « une impression de malaise et d’aliénation psychologique » où convergent aussi bien l’histoire de l’architecture ou de l’art des jardins que le poids des structures économiques ou politiques. En inscrivant ses propositions dans un espace immédiatement public, Graham entend en révéler les dimensions symboliques sous-jacentes mais toujours actives.


Groovy Spiral, 2013


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