Raymond Hains

1926, Saint-Brieuc – 2005, Paris)
Artiste français. Après les Beaux-Arts de Rennes où il fait la connaissance de Villeglé, il commence par pratiquer la photographie, et met au point un objectif cannelé qui lui permet de faire éclater le motif en formes non figuratives. Il expose ces « photographies hypnagogiques » en 1949 (galerie C. Allendy) et réalise un film d’animation avec Villeglé. Ayant photographié des affiches lacérées, il y découvre des compositions abstraites, dues au hasard, qu’il entreprend de collecter en les sélectionnant selon leur « recadrage » possible. Il privilégie notamment les placards politiques (série La France déchirée, 1949-1961), et organise des accrochages où se remarque son goût pour le jeu avec les mots et les formules (Loi du 29 juillet 1881, 1957 ; Palissade aux emplacements réservés, première Biennale de Paris). C’est très logiquement qu’il fait partie, avec Villeglé, du nouveau réalisme. Toutefois, sa fascination pour les dérives linguistiques (R. Roussel et le marquis de Bièvre sont de ses auteurs préférés) et pour les emboîtements conceptuels les plus inattendus l’entraîne au-delà du décollage et de la présentation de tôles où ne restent que de rares lambeaux de papier. En 1964-1965, il fabrique des agrandissements de boîtes et pochettes d’allumettes. Retrouvant l’appareil photographique, il transforme en images « éclatées » les couvertures des catalogues des pavillons nationaux de la Biennale de Venise et commence à proposer des images où convergent références culturelles, objets ordinaires et noms propres, combinés pour produire des passerelles entre la banalité quotidienne et l’univers artistique : ces photos-constats peuvent concerner, au gré de son humeur, aussi bien une galerie (1976 : L’art à Vinci, galerie Lara Vinci) qu’un grand magasin (vitrines d’outillage du BHV), l’histoire du nouveau réalisme, les codes barres du commerce ou des biscuits au beurre. Chez Hains, le calembour, verbal ou visuel, fait office de clef universelle révélant l’envers du monde en unissant les éléments disparates par une conjonction inattendue : le hasard « objectif » des surréalistes gît dans les objets mêmes, qui apparaissent liés, après ses interventions, par des trames secrètes.

Raymond Hains

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