John Heartfield

(1891-1968, Berlin)
Artiste allemand. Il étudie la peinture à Wiesbaden et Munich, où il adhère dès 1912 au Parti social-démocrate. Réformé en 1916, il anglicise alors son nom pour marquer son hostilité à l’Allemagne de l’époque. Il fonde avec son frère W. Herzfelde les éditions Neue Jugend et Malik, effectue ses premiers montages typographiques et rencontre Grosz, qui exerce sur lui une forte influence. Il devient l’un des principaux participants de dada à Berlin, développant à partir de 1919 sa technique du photomontage, qu’il utilise dans un but clairement militant. Son engagement communiste l’éloigne du dadaïsme vers 1921, mais il continue à éditer avec son frère et Grosz des journaux satiriques, tout en réalisant des affiches pour le PC allemand. Entendant mettre sa pratique artistique au service de la cause révolutionnaire, il conçoit ses photomontages en fonction des commandes qu’il reçoit des éditeurs ou des milieux politiques : l’image doit être immédiatement efficace par la convergence de tous les éléments du montage vers un sens global que soulignent la légende et les textes. Tout en participant aux organisations d’artistes révolutionnaires, il élabore de nombreuses illustrations pour des livres et périodiques. En 1931-1932, il expose à Moscou et voyage en URSS. Dès 1933, l’arrivée d’Hitler au pouvoir le contraint à l’exil – d’abord en Tchécoslovaquie, où il demeure jusqu’en 1938 et devient membre d’honneur de SVU Manes, puis à Londres où il déploie une intense activité contre le nazisme. En 1950, il revient à Berlin-Est, où il travaille pour le Berliner Ensemble et reçoit nombre de décorations saluant son combat pour la paix. Toute son œuvre de photomonteur, saluée par Aragon en 1935 comme la constitution d’une « beauté révolutionnaire », donne l’exemple d’un art authentiquement populaire, parce qu’il a su unir avec un soin permanent la virulence de l’image composée et la profondeur du message, que l’image ne vient pas seulement illustrer, mais qu’elle enrichit de résonnances multiples par son caractère authentiquement plastique.

Der Sinn von Genf, John Heartfield, 1932
Der Sinn von Genf, John Heartfield, 1932


Publié

dans

Étiquettes :