Roman Opalka

(1931, Hocquincourt – 2011, Chieti)
Peintre d’origine polonaise. Son père était mineur dans le nord de la France. Il part en Pologne avec sa famille en 1935. Déporté en Allemagne en 1940, il retourne après la guerre faire ses études artistiques à Lodz et à Varsovie. Dès ses premiers travaux, la préoccupation d’une stricte organisation formelle, fondée sur une structuration horizontale, s’affirme dans des toiles qui frôlent la monochromie. Mais c’est de 1965 qu’il date le début de son œuvre véritable : il décide de radicaliser sa démarche en couvrant toutes les toiles qu’il lui sera possible d’exécuter (chacune constituant un « Détail ») de la suite infinie des nombres, inscrits en lignes blanches sur fond noir. Désormais, l’œuvre se confond totalement avec l’écoulement du temps vécu, chaque nouveau Détail prenant la suite du précédent. À partir de 1972, le fond s’éclaircit de toile en toile, l’utopie d’Opalka consistant à prévoir qu’il mourra au moment où son écriture se confondra avec la blancheur du support. La rigueur du dispositif joint à chaque toile une photographie du visage du peintre, vieillissant progressivement, et un enregistrement de sa voix énumérant ce qu’il peint. Il s’agit ainsi d’élaborer l’équivalent le plus adéquat du « flux » de la durée (Opalka se réfère volontiers à Bergson), et l’apparente simplicité de ce travail – qui abonde cependant en effets visuels locaux en fonction de l’épuisement progressif de la peinture dont est chargé le pinceau – est l’envers d’une ambition proprement métaphysique.

Roman Opalka

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