Chiharu Shiota

Née à Osaka au Japon en 1972, Chiharu Shiota vit et travaille à Berlin depuis 1996.

Usant de fils tissés, l’artiste combine performances, art corporel et installations dans un processus qui place en son centre le corps. Sa pratique artistique protéiforme explore les notions de temporalité, de mouvement, de mémoire et de rêve et requièrent l’implication à la fois mentale et corporelle du spectateur.

Le travail de Chiharu Shiota se caractérise par un mélange de performances, art corporel et d’installations dans un processus qui place en son centre le corps. Elle utilise en les accumulant de vieux objets comme des lits, des chaises, des valises, des chaussures ou encore des vêtements qu’elle relie par des fils tissés. Les vêtements, par exemple, sont pour elle « comme une seconde peau. Ils en disent parfois beaucoup plus au sujet d’un individu que sa peau d’origine. Ils portent en eux le souvenir, la mémoire d’une personne. Et c’est pour cela qu’ils sont si importants à mes yeux. En tissant des fils autour d’eux, je veux évoquer l’idée de conservation, de préservation de ces souvenirs » .

Les objets ont tous, au-delà de leur utilité, dont elle les libère par ailleurs en les calcinant, en les entourant de son maillage, une forte portée symbolique et permettent également l’exploration artistique des notions de temporalité, de mouvement, de mémoire et de rêve qui requièrent l’implication à la fois mentale et corporelle du spectateur.

À cela s’ajoute parfois une dimension onirique par le tissage de véritables toiles d’araignées complexes et impénétrables, en cordelette noire, parfois rouge, couleurs qui selon l’artiste peuvent être associées au ciel nocturne ou au cosmos pour la première, au sang ou au fil rouge du destin dans la mentalité asiatique pour la seconde. La simplicité des matériaux rend d’autant plus fort l’impact des œuvres.

Ses principales influences sont Christian BoltanskiAnnette Messager et William Kentridge.

Chiharu SHIOTA, Dialogue from DNA, 2004, vieilles chaussures, laine rouge, dimensions variables

« Les objets que je choisis d’envelopper doivent avoir une histoire à eux, ou bien quelqu’un doit avoir noué une relation avec eux. Je veux montrer l’absence, révéler son existence. » 
Pour réaliser Dialogue from DNA, notamment présentée en Pologne en 2004, Chiharu Shiota avait lancé un appel singulier au don : il s’agissait pour les gens de lui ramener une chaussure associée à un souvenir précis. Des milliers de vieux souliers lui furent livrés, pour la plupart ayant appartenu à un regretté défunt. Ils ne furent pas enveloppés d’un maillage de laine noire, cette fois, mais individuellement accroché à un fil rouge et tendu, symbole du cheminement de chacun à travers la vie comme des voyages concrètement entrepris.


Photographies de Sunhi MANG


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