Jackson Pollock

(1912, Cody, Wyoming – 1956, Springs, New York)
Peintre américain. Parmi les plus grands expressionnistes abstraits américains, il est l’Action Painter par excellence. Ses innovations révolutionnent la peinture et assurent la percée internationale de l’art américain. Élevé en Arizona et en Californie, l’immensité libre de l’Ouest le marque. À la Manual Arts High School de Los Angeles (1928-1930), il rencontre Guston. Expulsé pour indiscipline, il s’inscrit à l’Art Students’ League de New York (1930-1933). Séduit par les muralistes mexicains – il travaille avec Siqueiros en 1938 -, élève et ami de Benton, il peint l’Ouest dans un style régionaliste tourmenté. Durant son contrat à la WPA (1935-1943), sous l’influence de Picasso, du surréalisme et de la psychanalyse jungienne qu’il débute pour combattre l’alcool – il continuera les deux jusqu’à la fin de sa vie -, il peint des scènes de plus en plus violentes, évoquant la mythologie et l’œuvre de Masson : Naked Man with Knife (vers 1938-1941). À mesure que croît la violence du pinceau, la figure s’efface, car il décide, comme pour masquer l’angoisse, « de voiler les figures » totémiques et menaçantes qui occupent le centre de ses toiles en les couvrant de mystérieux hiéroglyphes : Pasiphaé, The Guardians of the Secret et The She-Wolf (1943) acheté par le Museum of Modern Art dès 1944. Après sa première exposition personnelle à la galerie Art of this Century (1943) et son premier contrat, qu’il doit à Peggy Guggenheim – relayée par Betty Parsons (1947-1952) et Sidney Janis (1952-1956) -, il épouse Lee Krasner et s’installe à Springs. Libre de peindre à plein temps et cherchant une immédiateté de la peinture permettant l’expression directe de l’instant, il invente le dripping** (fin 1946-1947), une espèce d’automatisme pictural et gestuel totalement neuf qui répond à ses besoins expressifs et formels et inspire d’un même geste les théories de Harold Rosenberg et Greenberg : Lavender Mist, Autumn Rhythm (1950). De ces entrelacs grand format, où peinture et dessin ne font qu’un, naît un espace purement pictural qui, après cadrage et découpage de la toile, envahit l’œuvre entière : All-over*. Après une période d’intense créativité (1947-1951), il produit les Black Paintings où réapparaissent d’étranges figures, puis revient au dripping. Miné par l’alcool, il meurt dans un accident de voiture après des mois d’improductivité.

Jackson Pollock travaillant à une peinture, photographie de Rudy Burckhardt, 1950
Jackson Pollock travaillant à une peinture,
photographie de Rudy Burckhardt, 1950

Jackson Pollock au travail, une photographie de Hans Namuth, 1950
Jackson Pollock,
photographie de Hans Namuth, 1950

*All-over : terme anglo-saxon désignant la répartition égale des éléments d’une composition sur toute la surface d’un tableau, sans que soit privilégiée aucune partie de cette surface. C’est pour les oeuvres de Jackson Pollock des années 40 que ce terme a été créé. Procédé qui marque la fin de la géographie du tableau : l’oeil ne peut dorénavant s’arrêter sur un point précis de la composition. C’est aussi la levée du diktat du format du tableau qui désormais peut prendre n’importe quelle dimension. (cf. Abstract Expressionism, Action Painting, Dripping).

**Dripping : technique picturale engagée pour la première fois dans les années 40 par l’américain Jackson Pollock. Conjugaison de l’influence du Surréalisme et de l’écriture automatique Masson, plus particulièrement avec celle des dessins des Indiens d’Amérique du Nord dans une volonté de rendre illimitée l’énergie déployée sans contrainte de figuration ou de format, de dématérialiser l’inscription figurale par l’inscription purement énergétique de la couleur. Pollock va renverser le support, l’horizontaliser en peignant au sol, sans châssis, mettre son corps à l’échelle de la surface à inscrire, et pénétrer la toile. Abandonnant le pinceau, il crée un nouveau moyen pour figurer l’énergie première, la libération totale des forces intérieures : des bidons de couleurs percés qu’il promène au-dessus d’une toile ou d’un panneau, d’où le terme de dripping (de to drip : égoutter). (cf. Abstract Expressionism, Action Painting).


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