Jacques de la Villeglé

(1926, Quimper)
Artiste français. C’est à l’École des beaux-arts de Quimper qu’il rencontre Hains, à qui le lie une définitive complicité. Dès 1947, il récolte des débris de mur de l’Atlantique et autres fers tordus et les considère comme des sculptures. Il collabore avec Hains pour la réalisation de quelques films – et pour Hépérile éclaté, déformation photographique d’un recueil de Bryen grâce à un objectif de verre cannelé. Villeglé commence à collecter des affiches lacérées en 1949, considérant que le véritable « artiste » est bien le « lacérateur anonyme » et que, la collecte pouvant être opérée par tout un chacun, le moment est proche où disparaîtra la figure traditionnelle de l’artiste, pour laisser place à celle du « collecteur » ou « collectionneur ». Mais demeurant avec Hains seul collecteur dans sa catégorie, Villeglé se retrouve artiste – d’un nouveau genre : amateur et ravisseur de fragments, qui ne fait lui-même que les choisir (« le prélèvement est le parallèle du cadrage du photographe ») et les signer. C’est d’abord sans grand succès public, malgré – après un compagnonnage avec quelques lettristes dissidents et la rencontre avec Dufrêne – l’adhésion au nouveau réalisme, d’autant plus légitime que les affiches lacérées font bien partie de la réalité sociale de l’époque. Ce n’est qu’à la fin des années soixante-dix que Villeglé devient un « artiste vivant de son art ». Il n’en a pas moins poursuivi sa collecte, déambulant dans les rues (chaque prélèvement étant soigneusement situé et daté) avec curiosité et ravissement, et peut désormais organiser la publication de son important catalogue en différentes rubriques : affiches politiques, à texte, sur l’art (séries sur Mathieu et Dubuffet), affiches évoquant ironiquement telle ou telle tendance de l’art moderne, graffiti, transparences, placards de journaux, etc.

Rue Littré, Lille, Jacques de la Villeglé, 2000
Rue Littré, Lille, 2000


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