Cendrillon à 18h

La jeune demoiselle ne s’ennuyait point, et oublia ce que sa marraine lui avait recommandé ; de sorte qu’elle entendit sonner le premier coup de minuit, lorsqu’elle ne croyait pas qu’il fût encore onze heures : elle se leva et s’enfuit aussi légèrement qu’aurait fait une biche. Le prince la suivit, mais il ne put. Elle laissa tomber une de ses pantoufles de verre, que le prince ramassa bien soigneusement. Cendrillon arriva chez elle bien essoufflée, sans carrosse, sans laquais, et avec ses méchants habits, rien ne lui étant resté de toute sa magnificence qu’une de ses petites pantoufles, la pareille de celle qu’elle avait laissée tomber.

Extrait de Cendrillon ou la petite pantoufle de verre de Charles PERRAULT, 1697

Les chaussures, comme les vêtements renseignent sur la vie des gens qui les portent. Elles participent à la culture, aux mentalités, à l’histoire d’une société et reflètent le prestige de ceux qui les portent ou l’inverse la misère. Remarquons que la forme des chaussures varie à l’infini, notamment en fonction de la mode et que, très tôt, elles jouent un rôle important et signifiant dans l’art.

Le 14 janvier 2021, le Premier ministre annonce à la télévision l’avancée du couvre-feu à 18h00 sur l’ensemble du territoire métropolitain. L’objectif du couvre-feu est de limiter les rassemblements où le virus circule durant lesquels les mesures barrières peuvent être moins bien appliquées.

À nouveau pressée pour rentrer chez elle, Cendrillon perd une de ses chaussures spéciales « confinement », mais heureusement vous l’avez retrouvée ou presque…

#design #chaussure #confinement

Vous allez réaliser cette chaussure en tenant compte de son caractère spécial. Pour cela :

  1. Définissez par écrit ses caractéristiques en répondant aux questions suivantes :
    En quoi cette chaussure est spéciale ?
    Comment rappelle-t-elle le couvre-feu ou la COVID ou l’actualité épidémique ?
    Quelles autres contraintes implicites doit-elle donc prendre en compte ?
  2. Dessinez-la en couleur de trois-quarts, de profil et de haut.
  3. Réalisez un prototype à l’échelle. Pour ce faire, prenez comme modèle ou comme support une chaussure existante. La technique est libre.
Gravure publiée dans les Contes de Charles Perrault avec des dessins par Gustave DORÉ.
J. Hetzel (Paris), 1862

Quelques célèbres chaussures

  • Les talaria, les sandales ailées du Dieu Hermès (mythologie grecque).
  • Les bottes de sept lieues de l’ogre dans le conte du Petit poucet, Les Contes de PERRAULT, 1697.
  • Les cuissardes du Chat botté, Les Contes de PERRAULT, 1697 et Shrek, 2001.
  • Les pantoufles de verre de Cendrillon, Les Contes de PERRAULT, 1697.
  • Les chaussons rouges du conte de Hans Christian ANDERSEN, 1845.
  • Les ballerines rouges à paillette de Dorothy dans le Magicien d’Oz, 1939.
  • Les GoGo Boots d’André Courrèges, 1964.
  • Les Nike Cortez rouges et blanches de Forest Gump, 1994.
  • Les Onitsuka Tiger Mexico 66 de la marque Asics, Game With Death, 1978 et Kill Bill, 2003.
  • Les Nike Air Mag Back to the Future modèle 2016, sneakers portées par Marty McFly dans Back to the Future Part II, 1989.
René MAGRITTE, Le Modèle rouge, 1935

Références artistiques possibles

  • Jean Honoré FRAGONARD, Les Hasards heureux de l’escarpolette, 1766-1767, peinture à l’huile, 81 cm x 64 cm, Wallace Collection, Londres
  • Yinka SHONIBARE, The Swing (after Fragonard), 2001, installation avec mannequin qui pousse plus en avant la confrontation entre identités culturelles, canons représentationnels et périodes historiques.
  • Vincent VAN GOGH, Vieux souliers, 1886, huile sur toile, 37,5 x 45 cm, Amsterdam, Musée Van Gogh.
  • René MAGRITTE, Le Modèle rouge, 1935, huile sur toile marouflée sur carton, 56 x 46 cm, Centre Pompidou, Paris. Le Modèle rouge est réalisé dans un style réaliste minutieux, perceptible dans le rendu du bois, des cailloux ou des veines des pieds. Pourtant, l’étrange paire de souliers-pieds renvoie à une réalité inventée, au rêve, voire au monstrueux. Le titre désoriente d’autant qu’il ne semble pas correspondre au tableau, Magritte questionnant tout au long de son œuvre l’interaction entre langage, image et réalité.
  • Andy WARHOL, Diamond Dust Shoes, 1980, sérigraphie, 102,2 x 151,8 cm, The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, New York.
  • Claude LÉVÊQUE, Valstar Barbie, 2003, installation, peinture rose, polystyrène, contreplaqué peint en rose, ampoules recouvertes d’un cache en plastique rose, taffetas blanc, ventilateurs, néons en verre, gélatine rose, projecteur de lumière, 1 CD son, escarpin : 200 x 357 x 100 cm, Centre Pompidou, Paris.
  • Tove JANSSON et Per EMANUELSSON, Chain Shoes, 2009, design.
  • Joana VASCONCELOS, Marilyn, 2011, casseroles et couvercles en acier inoxydable, 290 x 157 x 410 cm. Cet escarpin fait de marmites dénonce la condition des femmes dans leur rôle social où les apparences et ses fonctions sont soumises au regard des hommes: être belle et faire à manger.
  • Andreia CHAVES, Invisible Shoe, 2011, design.
  • Zoulikha BOUABDELLAH, Silence, 2008-2014, installation : 24 tapis de prière, 24 paires d’escarpins, 300 x 560 cm.
  • Chiharu SHIOTA, Over the Continents, 2014, installation, vielles chaussures, laine rouge, Arthur M. Sackler Gallery, Washington DC, USA – CHIHARU SHIOTA – chiharu-shiota.com.
  • Anja LUITHLE, Das Erbe (L’Héritage), 2014, bronze ciré, 80 cm.

Questionnement(s) :

  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : les représentations et statuts de l’objet en art.
  • L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : la relation du corps à la production artistique.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :

  • Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.
  • Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.
  • Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles.
  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Expliciter la pratique individuelle ou collective, écouter et accepter les avis divers et contradictoires.
  • Porter un regard curieux et avisé sur son environnement artistique et culturel, proche et lointain, notamment sur la diversité des images fixes et animées, analogiques et numériques.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


* Shin MURAYAMA, Shoe Face, 2008, en bandeau.
Né à Niigata au Japon en 1977, l’artiste Shin MURAYAMA lance ses collections de vêtements au Japon, à Londres et à Hong Kong. En 2004, il commence à vendre ses créations dans une boutique située à Harajuku appelée Is Real Store, un nom inspiré de la galerie d’art fictive de Yoko ONO. Depuis lors, les créations de Shin sont largement exposées dans les grandes galeries et espaces d’art du monde entier, avec sa série de masques « Valhalla », un de ses projets les plus réussis. Les masques à collectionner et surréalistes sont une combinaison d’esthétique DIY et d’accessoires de théâtre, inspirés par la nature et le sombre avenir de notre planète, avec des titres ironiques comme Mangeur de chaussettes, Visage de chaussure et Nez de mandrill.


Publié

dans

Étiquettes :