Double sens, double lecture

Le Français, comme les autres langues, comporte de nombreuses expressions imagées souvent utilisées, mais dont le sens et l’origine ne sont pas connus. Dans la plupart des cas, ces expressions avaient un sens précis, mais, à force de jouer de la différence entre la signification et le sens, elles ont pris un sens plus abstrait. Par exemple, si l’on dit : « Pierre a cassé sa pipe », la signification est claire, car on comprend « casser » et « pipe », en revanche le sens est tout autre ; puisqu’il veut dire qu’il est mort.

Le principe du langage est de jouer sur les significations en employant différents niveaux de lecture. Dans la langue française, n’existe-t-il pas de nombreuses expressions imagées pour lesquelles nous pourrions tenter, peut-être par jeu, de combiner la double lecture de leur sens propre et figuré ?

Exemples de sérigraphies révélant la surimpression par les illustrat·eur·rice·s :
Amélie FONTAINE, Agata KULCZYK, Morgan GILBERT,
Kristian JONES, BONNEFRITE, Studio Valistika,
Hélène GUERTIK, Carnovsky (Francesco RUGI et Silvia QUINTANILLA) et Évelyne MARY

Proposez un dessin qui mêle le sens propre et le sens figuré d’une expression.

Le sens propre d’un mot est son sens premier. En général, il renvoie au sens concret.
Les sens figurés d’un mot sont les sens qui en dérivent. Les sens figurés sont souvent des sens abstraits ou imagés.

Noma BAR, Pinning Her Down, affiche (source : Dutch Uncle)

Pas à pas

a/ Choisissez une expression dans le tableau ci-après. Trouvez sa signification. Définissez le sens propre (si possible, trouvez son origine) puis le sens figuré. Illustrez-les séparément.

b/ Réfléchissez aux solutions possibles pour mêler les deux dessins préparatoires en un seul. Gardez à l’esprit la compréhension du double sens de lecture de l’expression.

c/ Réalisez le dessin en utilisant une des solutions envisagées.

Sauter du coq à l’âne : passer d’un sujet à un autre sans lien.
Faire d’une pierre deux coups : atteindre deux objectifs en même temps.
Avoir le diable au corps : déployer une vivacité excessive.
Couper la poire en deux : choisir une position médiane.
Mettre la charrue avant les bœufs : se précipiter et ne pas commencer par le commencement.
Tirer à hue et à dia : agir de manière contradictoire.
Ne pas être dans son assiette : ne pas se sentir en forme.
Avoir l’estomac dans les talons : avoir très faim.
Mettre les points sur les i : apporter des précisions claires.
Brûler la chandelle par les deux bouts : dépenser sans se soucier de l’avenir.
Courir deux lièvres à la fois : viser deux buts et risquer de les perdre tous les deux.
Se mettre en quatre : faire tout son possible.
Se regarder en chiens de faïence : se regarder avec mépris.
Ménager la chèvre et le chou : ménager des intérêts contradictoires.
Ne faire ni une ni deux : ne pas hésiter.
Vider son sac : dire ce qu’on a sur le cœur.
Dormir sur ses deux oreilles : dormir profondément.
Mettre les bouchées doubles : se dépêcher.
Bayer aux corneilles : avoir l’air absent.
Être dans ses petits souliers : être très mal à l’aise.
Déshabiller Pierre pour habiller Paul :  résoudre un problème en aggravant un autre.
Reprendre du poil de la bête : se ressaisir.
Prendre son courage à deux mains : faire des efforts.
À la six-quatre-deux : réalisation bâclée.

Espace négatif

Dans la mise en page du dessin, l’espace blanc : la surface du papier non recouvert par les figures ou objets dessinés est souvent appelée espace négatif. L’espace négatif ne doit pas être considéré simplement comme un espace « vide » – c’est un élément important de la conception qui permet l’équilibre avec le positif (ou non blanc. De fait, l’utilisation d’espaces négatifs est la clé de la composition.

Cependant, une utilisation imprudente des espaces blancs peut donner l’impression qu’une page est incomplète. Lorsque l’espace est limité, comme dans certains types de publicité, l’espace négatif est limité, afin d’obtenir autant d’informations vitales que possible sur la page. Une page remplie de textes et de graphiques avec très peu d’espace blanc risque de paraître surchargée et est généralement difficile à lire.

À l’inverse, une utilisation judicieuse de l’espace négatif peut donner à une page un aspect classique, élégant, esthétique. Pour les graphistes, cet espace blanc est très important. Les affiches peuvent d’ailleurs être imprimées sur une variété de papiers différents, qui peuvent avoir différentes couleurs, textures, etc., et dans ces cas, un espace blanc est utilisé pour offrir une bonne présentation et pour mettre en valeur les différentes qualités des supports.

Source : 16 things about white space | Propagandum

Affiche National Geographic
Affiche Dirty Harry d’Olly MOSS (Oliver Jonathan)

Références artistiques possibles

  • Hans HOLBEIN (1497-1543), Les Ambassadeurs, 1533, huile sur bois, 209 x 207 cm, Londres, National Gallery
  • Giuseppe ARCIMBOLDO (1530-1593), L’Homme potager I, 1590, huile sur bois 25,8 x 24,2 cm, Cremone Museo Civico Ala Ponzone
  • Joseph JASTROW, Canard-Lapin, Fact and Fable in Psychology (fig. 19), dessin paru dans la presse vers 1892
  • Cadavre exquis
  • Maurits Cornelis ESCHER (1898-1972), Jour et nuit, gravure sur bois de fil, deux planches, 1938, 36 x 68 cm
  • Salvador DALĺ (1904-1989), Marché d’Esclaves avec le buste invisible de Voltaire, 1940, huile sur toile, 47 x 66 cm, St Petersburg, USA
  • Raetz MARKUS (né en 1941), Métamorphose I, 1990-91, fonte, 32,2 x 27 x 12,5 cm, Genève, Musée d’art et d’histoire
  • Sigmar POLKE,
  • Tim NOBLE (né n 1966) et Sue WEBSTER (née en 1967), British Wildlife, 2000, 88 animaux taxidermisés, projecteur, 150 x 90 x 180 cm, Londres
  • Kumi YAMASHITA (né en 1968), Origami Shadows, 2009, installation, sculpture murale avec jeu d’ombre en fonction de la bonne orientation de la lumière
  • Noma BAR, Little Red Riding Hood, 2009. Les aplats de couleurs, le minimum de détails, l’usage de l’espace négatif pour créer des images à significations doubles caractérisent la série Negative Space.
  • Olly MOSS, Optical Illusion #1 (Wolf) , illustration en bandeau (source : ollymoss.com)

Questionnement(s) :

  • La représentation ; images, réalité et fiction : le dispositif de représentation – la narration visuelle – la création, la matérialité, le statut, la signification des images.
  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : les qualités physiques des matériaux – la matérialité et la qualité de la couleur.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :

  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.
  • Confronter intention et réalisation dans la conduite d’un projet pour l’adapter et le réorienter, s’assurer de la dimension artistique de celui-ci.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Expliciter la pratique individuelle ou collective, écouter et accepter les avis divers et contradictoires.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


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