Occupation

L’occupation d’un lieu, ça consiste non seulement à y être présent, visible, dominant, mais aussi à changer de manière plus ou moins perceptible l’essence même de ce lieu, à le modifier, à en détourner les ressources, à faire en sorte que les visiteurs n’y trouvent plus leurs marques, soient sans repères, désorientés.

On This de Krijn De KONING à la Galerie Serge Le Borgne du 09 septembre au 25 octobre 2008.
L’espace de la galerie est déformé, détourné, des murs surgissent ici et là, le visiteur se tord pour passer des chicanes, se penche pour se glisser sous des linteaux, perd toute notion d’horizontalité, le regard passe d’un espace à un autre, flottant, puis s’échappe dans la cour, il suffoque parfois comme dans une prison, une occupation.

Proposez le projet d’un environnement ou d’une installation engageant le corps du spectateur dans un espace occupé jusqu’à lui faire perdre ses repères.

Au préalable, vous dessinerez les croquis d’observation et le plan du lieu envisagé pour ce travail. Un court texte de présentation accompagnera votre projet d’environnement ou d’installation réalisé sous la forme d’une maquette rendant bien compte de votre intervention artistique.

Problèmes abordés

En quoi la modification de l’échelle d’une œuvre peut-elle transformer son sens ? Dans quelle mesure une production artistique peut-elle interagir avec son espace d’exposition ?

Installation

Une installation est une œuvre tridimensionnelle, souvent créée pour un lieu spécifique et conçue pour modifier la perception de l’espace. Le terme « installation » apparu dans les années 1970 (cf. Allan Kaprow, Wolf Vostell, Gutaï, Fluxus) s’applique généralement à des œuvres créées pour des espaces intérieurs (galerie, musée) ; les œuvres en extérieur sont plus souvent désignées comme art public, land art ou intervention artistique.

  • « L’installation est passée d’une pratique spécifique du médium à une pratique spécifique du discours. », Hal Foster, théoricien de l’art (1998)
  • « L’installation est une autre étape dans l’évolution de la notion de la sculpture. Elle met en scène dans une aire donnée des éléments porteurs de divers types d’information. (…) Qu’elle joue ou non sur les qualités architecturales de son espace spécifique d’exposition (espace qui coïncide parfois avec son lieu de création), l’installation entretient avec ce lieu des rapports privilégiés. Rarement permanente, même si ses composantes le sont souvent, son parcours est fréquemment modifié en fonction du lieu. Elle joue sur la fonction de durée, de site et de contenu. » René Blouin, catalogue du centre d’art contemporain.

(source Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Installation_artistique)

Références artistiques possibles

  • Kurt SCHWITTERS, Merzbau, 1923-1924 – https://fr.wikipedia.org/wiki/Merzbau
  • Yves KLEIN, Exposition du Vide, galerie Iris Clert, 1958
  • ARMAN, Le Plein, galerie Iris Clert, 1959
  • Rachel WHITEREAD, Ghost,  1990, plâtre sur ossature acier, 269 × 355,5 × 317,5 cm
  • Tadashi KAWAMATA, Les Chaises de traverse, 1997, 4000 chaises, Chapelle de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
  • Jesús Rafael SOTO, Penetrable BBL Bleu, 1999, peinture sur aluminium, fils de PVC, 366,5 × 1400 × 470,5 cm
  • Ann Veronica JANSSENS, Blue, Red and Yellow,  2001, acier, bois, polycarbonate, films bleu, rouge et jaune, machine à fumée, 365.8 × 933,1 × 470,5 cm
  • Georges ROUSSE, Sargadelos 2001, anamorphose peinte in situ d’un damier multicolore, photographie
  • Tadashi KAWAMATA, Gandamaison, 2008, installation de 5000 cagettes en bois de légumes et de fruits, Versailles
  • Chiharu SHIOTA, His Chair, 2008, vieux cadres de fenêtre, chaise en bois, Musée d’Art moderne et contemporain de Trente et Rovereto, Italie
  • Chiharu SHIOTA, Letters of the Thanks, 2013, lettres de remerciement, fil de laine noire, Musée d’Art, de Kochi, Japon

Questionnement(s)

L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur :

  • la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre : le rapport d’échelle, l’in situ, les dispositifs de présentation, la dimension éphémère, l’espace public ; l’architecture
  • l’expérience sensible de l’espace de l’œuvre : les rapports entre l’espace perçu, ressenti et l’espace représenté ou construit ; le point de vue de l’auteur et du spectateur dans ses relations à l’espace, au temps de l’œuvre, à l’inscription de son corps dans la relation à l’œuvre ou dans l’œuvre achevée

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation, y compris numérique.

Composantes théoriques

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5)

  • Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles.
  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.
  • Confronter intention et réalisation dans la conduite d’un projet pour l’adapter et le réorienter, s’assurer de la dimension artistique de celui-ci.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5)

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.
  • Expliciter la pratique individuelle ou collective, écouter et accepter les avis divers et contradictoires.

Composantes culturelles

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Interroger et situer œuvres et démarches artistiques du point de vue de l’auteur et de celui du spectateur.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


*Chiharu SHIOTA, Infinity, 2015, ampoules, fils de laine noire, vue de l’exposition à l’Espace Louis Vuitton, Paris – https://www.chiharu-shiota.com/


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