Repères – HdA

Les œuvres ne sont pas de simples documents
Les œuvres ne se laissent pas enfermer dans des définitions et ne peuvent se réduire à un discours univoque.
Leur compréhension demande un regard sans cesse renouvelé.
Que les œuvres du passé « proche ou lointain » fassent progressivement figure de norme et n’éveillent plus les mêmes passions qu’autrefois n’en rend que plus nécessaires leur mise en perspective tant avec les débats de leur temps qu’avec les enjeux actuels de la création.
La rencontre avec les œuvres est aussi l’occasion de construire, par la verbalisation orale et écrite, de nombreuses compétences transversales : expression, distinction entre objectivité et subjectivité, élaboration d’un raisonnement, d’une analyse critique, structuration d’un propos personnel nourri de références…

Rencontrer les œuvres
Les œuvres sont accessibles dans les livres, sur internet, dans les médias.
Pour autant, une œuvre n’existe pleinement qu’au travers d’une forme d’interpellation personnelle, une rencontre directe, une proximité. Cette rencontre suppose la visite au musée, l’expérience d’un concert, d’un spectacle, d’une projection, la déambulation dans un lieu, le dialogue avec un professionnel de l’art…
– Les équipes d’enseignants ont pour mission d’organiser de telles rencontres plusieurs fois dans la scolarité, en s’appuyant éventuellement sur un partenariat.
À ce titre, le projet d’histoire des arts doit figurer dans le volet artistique et culturel du projet d’établissement.

Faire des choix d’œuvres concertés
Une discipline ne peut imposer ses propres choix aux autres disciplines.
L’enseignement de l’histoire des arts se construit par le croisement des regards sur des œuvres ou un ensemble d’œuvres choisies en commun.
– Comme les problématiques, les compétences attendues doivent être définies et communiquées à tous en amont.

Ouvrir l’éventail des domaines artistiques.
Diversifier les domaines artistiques dans le choix des œuvres permet une plus grande profusion de pistes, d’opportunités et de sollicitations pour les élèves.
La littérature est enseignée au quotidien pendant les cours de français ou de Lettres. Ainsi peut-elle aisément être incluse dans l’enseignement d’histoire des arts. À cet effet, on veillera à placer les textes dans leur contexte culturel et historique, les rapprocher d’autres domaines artistiques, notamment la musique et la peinture (par exemple, lors de l’étude des textes fondateurs en 6e, ou de la poésie en 3e).
La peinture est actuellement prédominante dans les projets des établissements. Or, toutes les formes artistiques sont porteuses de visions du monde.
La sculpture et l’architecture, du fait de leurs implications techniques, matérielles, sociales et politiques sont, par nature, ouvertes à des approches pluridisciplinaires qui ne devront pas faire l’économie d’une étude spécifique du langage des formes et de la matière, de la poétique de l’espace, des liens privilégiés avec le corps, avec la nature… La musique et le sonore, les arts du spectacle vivant pourraient être davantage abordés.
Le cinéma, la photo, la vidéo, le design, la bande dessinée… gagneraient à être plus largement étudiés notamment dans le cadre d’approches transversales. La mise en œuvre du nouveau programme de 3e d’histoire-géographie à compter de la rentrée 2012, Le monde depuis 1914, et du thème transversal qu’il propose : Les arts, témoins de l’histoire du monde contemporain, devraient offrir bien des possibilités pour intégrer ces domaines et supports artistiques qui connaissent au XXe siècle une accélération de leur développement, à côté des objets traditionnels de l’art.
L’ouverture devrait donc prévaloir, afin de multiplier les points de rencontre entre les disciplines et favoriser une éducation à la diversité des créations.

Penser les contributions spécifiques des disciplines en complémentarité les unes des autres
La littérature inscrit les lettres au cœur de l’histoire des arts par la question de l’œuvre. L’étude des œuvres s’intéresse aux mouvements littéraires et culturels dans lesquels elles s’enracinent. Elle nécessite une approche sensible et esthétique de l’œuvre comme piste de compréhension. Elle éclaire l’évolution des genres et la réception des œuvres dans le temps.
Les langues vivantes offrent une mise en perspective culturelle sur la place de l’œuvre dans des systèmes de valeurs différents ou sur la circulation des œuvres en Europe depuis la Renaissance (exemple: Fontainebleau et la peinture italienne), ainsi que la fonction de l’art dans la communication linguistique par les échanges et les correspondances.
L’histoire-géographie apporte une mise en contexte des œuvres dans le temps et l’espace, elle permet de mettre en évidence la place qu’ont prise ces œuvres ainsi que la pluralité de leur sens au cours du temps, selon les époques et les sociétés. Elle met en œuvre une dimension critique de leur analyse. Elle prend également en charge la dimension sensible et esthétique des œuvres.
Les disciplines scientifiques et technologiques apportent des éléments de compréhension et de familiarisation sous les angles variés de la matière, du lien entre forme et fonction, des technologies, des structures, des innovations…
Comme dans les pratiques plastiques ou musicales mais avec une implication spécifique, la place du corps et de l’espace est prise en compte par l’éducation physique et sportive au travers d’approches artistiques comme la danse ou les arts du cirque. Les sports ont, par ailleurs, toujours éveillé l’intérêt des artistes, ou celui des designers.
Les enseignements artistiques obligatoires (arts plastiques et éducation musicale) articulent théorie et pratique de l’art. Ils forment l’esprit et construisent des valeurs parmi lesquelles l’ouverture à l’inconnu, à l’étranger, aux cultures des autres. La recherche de solutions artistiques forme le regard, l’écoute, l’appréciation sensible et intellectuelle. Le sens est lié au geste et à la parole, à l’initiative individuelle et collective, à l’expression de la personne et à des savoirs savants. La pensée sur l’art est partagée, mise en débat et l’interprétation des œuvres, qui prend sens selon les situations de pratique ou d’étude, crée un lien personnel entre l’élève et les champs de la création. Cette expérience rapproche l’élève de la démarche artistique. En l’aidant à comprendre la place et l’importance des courants artistiques qui jalonnent l’histoire des formes, elle le prépare à recevoir et apprécier les œuvres de son temps.

Définir les objets
Les objets d’étude décrits dans la circulaire sur l’évaluation de l’histoire des arts au DNB sont des objets artistiques, ce qui laisse une acception large des œuvres, des mouvements artistiques, des artistes dans leur temps, leur itinéraire, leurs productions et permet de rejeter des propositions sans rapport avec l’art.
* « Chaque candidat ou groupe de candidats se présente devant le jury avec une liste d’objets d’étude qu’il a choisis. »
* « Cette liste, validée par le ou les professeurs qui encadrent la préparation, se compose de cinq objets d’étude reliés à plusieurs thématiques transversales… Au moins trois des six domaines artistiques… sont représentés. »
L’histoire des arts est un enseignement effectif depuis la 6e. Cet enseignement offre aux élèves la possibilité de valoriser leur culture personnelle et de prendre appui sur leurs acquis
antérieurs. Il a un rôle intégrateur, notamment pour les élèves qui auraient le plus de difficultés. Il est donc possible et souhaitable de choisir deux objets d’étude parmi ceux étudiés avant la classe de 3e .

Relier objets d’étude et apprentissages
Les objets figurant dans la liste pour l’épreuve du DNB doivent s’inscrire dans des thématiques partagées par au moins deux disciplines. Ces thématiques prennent leur sens en étant associées à une ou des problématiques clairement formulées. Les objets d’étude sont à relier explicitement à au moins deux thématiques transversales figurant dans le texte de l’arrêté d’organisation de 2008.
Les thématiques qui y sont présentées, ni exhaustives ni limitatives, proposent un éventail de questionnements volontairement larges et complémentaires. Restreindre exagérément cet éventail risque de renforcer une instrumentalisation disciplinaire du regard porté sur la création artistique.

Ne pas laisser les élèves seuls devant la tâche…
Il importe de ne laisser aucun élève seul avec la difficulté d’accès aux ressources à laquelle il peut être confronté hors du milieu scolaire. Les enseignants accompagnent les élèves dans leur parcours.
À cet effet, la contribution des professeurs documentalistes et les ressources du CDI sont notamment mobilisées. Une éducation à la recherche, aux médias et aux ressources numériques est mise en place.
Gratuites pour les familles ou d’une tarification minimale, les sorties, visites ou rencontres s’adressent à tous les élèves sans exception et demeurent articulées aux problématiques travaillées en classe.

… mais favoriser leur autonomie
Une fois assurées les conditions de l’équité dans l’accès aux ressources et aux apprentissages dans et hors de l’établissement, l’enseignement d’histoire des arts doit aussi, pour atteindre son but, devenir l’affaire des élèves et miser sur le plaisir, la curiosité, l’inventivité comme moteurs de l’implication et de la réussite.
Au travers de l’investissement des élèves dans leurs choix et leurs points de vue se construisent des compétences capitales pour leur future vie de citoyen : le sens critique, l’intérêt pour l’actualité artistique, le lien avec leur temps…


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