Neue Sachlichkeit

Allemagne, 1918-1933

Courant artistique apparu en Allemagne après la Première Guerre mondiale. L’expression « Neue Sachlichkeit » fait son entrée comme titre d’une exposition organisée par Gustav Hartlaub, en 1925, à la Kunsthalle de Mannheim. Dès 1918, de nombreux artistes commencent en fait à travailler dans un style réaliste, prenant position contre l’expressionnisme qui, selon eux, menace de devenir un style vide, un jeu formel. La nouvelle tendance qu’ils proposent provoque de vives polémiques : on parle de formalisme, de naturalisme ou néo-naturalisme, de post-expressionnisme ou encore de réalisme magique. L’expression « Neue Sachlichkeit » l’emporte. Dans la Neue Sachlichkeit, Hartlaub distingue un courant de droite conservateur sinon classique, et un courant de gauche, plus virulent et contemporain, dénonçant les injustices sociales du moment. Ce réalisme nouveau ne se fonde aucunement sur celui du XIXe siècle, mais redécouvre un style naturaliste pour exprimer la spiritualité humaine et refléter les réalités d’une époque aux changements accélérés. Cet art rationaliste s’inspire de thèmes tirés de la banalité quotidienne. La Neue Sachlichkeit se développe autour de trois centres : Munich privilégie une peinture pastorale à tendance métaphysique (A. Kanoldt, Carlo Mense et Georg Schrimpf). À Hanovre se développe un style plus naïf (Hans Mertens, Ernst Thoms, Erich Wegner et Grethe Jürgens). Les véristes, autour du noyau berlinois, restent les représentants les plus célèbres du courant, avec G. Grosz, O. Dix, C. Schad, C. Grossberg, et leur annexe à Karlsruhe (G. Scholz, K. Hubbuch et R. Schlichter). Dénoncée comme réactionnaire (B. Brecht), camouflage du nouveau visage du capitalisme (Ernst Bloch, Héritage de ce temps, 1935), la peinture de la Neue Sachlichkeit peut être mise en relation avec la Pittura Metafisica italienne ou le travail contemporain d’un Derain, comme l’une des manifestations du « retour à l’ordre » en Europe entre les deux guerres.

Max Beckmann, Otto Dix, Carl Grossberg, George Grosz, Carlo Mense, Christian Schad, Georg Scholz.
*Grande ville (détail), Otto Dix, 1927-1928, triptyque


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