Réalisme Socialiste

URSS, 1922-1988

Officiellement proclamé au premier congrès de l’Union des Écrivains (1934), cet ensemble de principes idéologiques, esthétiques et organisationnels régit la vie artistique et littéraire soviétique pendant plus d’un demi-siècle. Émanation de l’État stalinien, sa singularité première tient à son caractère totalisant, entièrement subordonné au projet politique. Appliqué aux arts plastiques, le réalisme socialiste préparé dès les années vingt par les luttes entre l’avant-garde et les « réalistes prolétariens » de l’AKHRR, bientôt vainqueurs, voit la mise en place progressive d’un réseau d’institutions centralisées, chargées d’organiser à tous les niveaux la production et la communication artistiques. L’oeuvre d’art doit répondre à la tâche primordiale dévolue par le Parti : donner le reflet « correct » de la « réalité soviétique dans son développement révolutionnaire ». Ce modèle aura véritablement force de loi durant la période dominée par Jdanov (1947-1953), moment paroxystique où le réalisme socialiste connaît sa phase la plus durement normative, marquée par un isolationnisme culturel extrême.
Dans les grands débats esthétiques occidentaux de l’après-guerre, le réalisme socialiste fonctionne comme repoussoir, symbolisant à la fois la régression académique et le comble de l’aliénation de l’art. En URSS, il faudra attendre 1988 pour assister à sa première mise en accusation publique, comme responsable de la dégénérescence de l’art soviétique moderne.

Boris Mikhailovitch Koustodiev, Alexandr Mikhailovitch Guerassimov, Isaak Izraïlevitch Brodski, Gueorgui Gueorgueïevitch Riajski, Alexandre Alexandrovitch Deïneka.
*L’Ouvrier et la Kolkhozienne, Vera Ignatievna Moukhina, 1937


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