De fil en fil

Filer, étirer, tisser, entrelacer, mêler, nouer… De fil en fil, votre réalisation se révèle.

#tissage #installation

Votre choix du fil pour votre réalisation ne doit pas être anodin, car il témoigne d’une démarche, d’un processus : de la fibre au fil, du tressage au tissage naissent des outils, des savoir-faire, des formes, des architectures, des cultures, des réseaux… jusqu’à l’époque contemporaine où la fibre de l’Internet nous connecte au monde.

Debbie SMYTH, Stag Head, 2014, 52,5 x 52,5 cm
La série Shaded Works s’inspire de formes et de silhouettes et de scénarios banals souvent évoqués à partir de souvenirs de l’enfance de l’artiste. Le contour est tracé, puis progressivement l’espace négatif est rempli et ombragé avec des masses de fil, capturant le mouvement et laissant la forme positive ressortir avec un effet légèrement éthérée.
Chiharu SHIOTA, Labyrinth Of Memory, 2012, installation, robes blanches, laines noires, La Sucrière, Lyon

Références artistiques

L’utilisation du fil textile réapparaît dans les démarches artistiques actuelles. D’ailleurs, en 2017 la Biennale de Venise et la Documenta remarquent cet engouement pour les médiums tressés, tissés ou noués.

  • Kitagawa UTAMARO, Le Tissage, XVIIIe siècle, estampe, Musée Guimet, Paris.
  • Johannes VERMEER, La Dentelière, peinture à l’huile, 24 x 21 cm, 1669-1670, Musée du Louvre, Paris.
  • ÉTIENNE-MARTIN (1913-1995), Le Manteau, 1962, tissus, passementeries, cordes, cuir, métal, enveloppe en toile de bâche et cuir, 160 x 200 x 30 cm.
  • Eva HESSE, Contingent, 1969, fibre de verre et latex sur gaze, 350 x 630 x 109 cm
  • Isa MELSHEIMER, Hyperboloïde, 2007, installation, fil à coudre, clous, dimensions variables. L’installation s’articule autour d’une forme hyperboloïde. Cette forme générée par la rotation de lignes parallèles autour d’un axe se déploie dans l’espace, créant un nouvel espace et suggérant une barrière légère et fragile.
  • Muriel BAUMGARTNER, Corset rouge n°1 (série Mes Broderies), 2009, dessin et broderie sur papier, 33 x 33 cm. « Mon travail est à la fois biologique et autobiographique. Il s’agit d’une transcription graphique d’une expérience de corps, de mon propre corps. »
  • Akio HAMATANI, W-Orbit, 2010, installation, diamètre : environ 400 cm, Maison de la culture du Japon, Paris
  • Julien SALAUD, Constellation du Faon, 2012, trophée de chevrette, clous, perles de rocaille, fil de coton, 60 x 25 x 35 cm.
  • Sten LEX, Rue de Bretagne, pochoir lacéré, 2012, street-art
  • Eliza BENNETT,  A Woman’s Work Is Never Done, 2012/ 2014, série photographique. « Comme support d’un canevas, je brode la couche supérieure de la peau de ma propre main à l’aide de fil pour créer l’apparence d’une main incroyablement usée. En utilisant la technique de la broderie traditionnellement employée pour représenter la féminité et l’appliquer à l’expression de son contraire, j’espérais remettre en question la notion préconçue selon laquelle le travail des femmes est léger et facile. »
  • Pae WHITE, Too much night, again, 2013, installation, fil, clous, dimensions variables
  • Debbie SMYTH, It’s a Small World, 2013, installation, fil noir, clous, dimensions variables.
  • Hinke SCHREUDERS, Works on paper #36, 2014, broderie sur papier marouflé sur toile de lin, 26 x 18 x 5,5 cm
  • Julien SALAUD, Fleuve Céleste, 2015, installation dans les Caves de la Maison Ackerman, plus de 65 000 clous et de 45 km de fil de coton tendu, dans une cave de 60 mètres de long sur 6 à 7 mètres de hauteur et de largeur, le tout à 25 mètres sous terre, projet issu de la résidence artistique « Ackerman + Fontevraud la Scène ». https://youtu.be/-M8tRME-eTY
  • Chiharu SHIOTA, Infinity, 2015, installation, fil noir, ampoules électriques, dimensions variables.
    « Les fils sont tissés l’un dans l’autre. Ils s’enchevêtrent, ils se déchirent, ils se dénouent, ils sont comme un miroir des sentiments. »
    L’artiste japonaise tisse de vastes environnements en fils de laine noirs qui emprisonnent des objets évocateurs — instruments de musique, robes de poupées, chaussures, lits. Ces objets, flottants, libérés de leur utilité première, nous renvoient à des visions poétiques et émouvantes. Ils convoquent des souvenirs, soulignent des absences. Le réseau graphique qui connecte les éléments évoque la puissance des liens interpersonnels, l’inévitable dépendance du sujet à ses racines. CHIHARU SHIOTA (chiharu-shiota.com)
  • Claire MORGAN, Murmurations, 2016, installation, polythène, nylon, plomb, acrylique, 500 x 1650 x 660 cm, Claire Morgan (claire-morgan.co.uk)

Les Moires

Dans la mythologie grecque, les Moires sont les divinités maîtresses de la destinée humaine. Ces trois sœurs filandières* président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort.
_ Clotho, signifiant « filer » en grec, paraît être la moins vieille. Elle fabrique et tient le fil des destinées humaines. Elle est souvent représentée vêtue d’une longue robe de diverses couleurs, portant une couronne formée de sept étoiles et tenant une quenouille qui descend du ciel vers la terre. La couleur qui domine dans ses draperies est le bleu.
_ Lachésis, nom qui en grec signifie « sort » ou « action de tirer au sort », est celle qui déroule le fil et qui le met sur le fuseau. Ses vêtements sont quelquefois parsemés d’étoiles et autour elle un grand nombre de fuseaux sont dispersés. Ses draperies sont de couleur rose.
_ Atropos, c’est-à-dire « inévitable » en grec, coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de chaque mortel. La plus âgée des trois sœurs est représentée proche de plusieurs pelotons de fil plus ou moins garnis, suivant la longueur ou la brièveté de la vie mortelle qu’ils mesurent.
 
* filandière : femme qui file manuellement

Pénélope

Dans la mythologie grecque, Pénélope est l’épouse fidèle d’Ulysse dont elle a un fils, Télémaque. Pendant vingt années, elle tint tête aux prétendants qui affirmaient qu’Ulysse était mort. Pour gagner du temps face à l’insistance de ces nombreux courtisans, elle promit de choisir l’un d’entre eux quand elle aura achevé de tisser le linceul de son beau-père Laërte. Afin que la besogne perdure, elle défaisait la nuit ce qu’elle avait tissé le jour. Ce stratagème fut dénoncé par une de ses servantes. Elle était sur le point d’épouser l’un d’eux lorsque Ulysse déguisé revint enfin.

  • Pénélope à son métier et Télémaque, Skyphos à figures rouges, 440-435 av. J.-C., Chiusi, Italie (le skyphos est un vase à boire haut de 15 à 20 cm, généralement sans pieds).
  • John William WATERHOUSE, Pénélope et les prétendants, huile sur toile, 130×188 cm, 1912, Aberdeen Art Gallery and Museums, United Kingdom.

Fil d’Arianne

Dans la mythologie grecque, Ariane est la fille du roi de Crète Minos et de Pasiphaé et la demi-sœur du Minotaure.
Séduite par Thésée venu tuer le monstre, elle aida celui-ci à s’échapper du Labyrinthe. C’est en effet le secours qu’elle apporta à Thésée qui permit à ce dernier d’obtenir la victoire sur le Minotaure : contre la promesse de l’épouser, elle lui fournit un fil qu’il dévida derrière lui afin de retrouver son chemin.


Questionnement(s) :

  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : les qualités physiques des matériaux.
  • L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre – l’expérience sensible de l’espace de l’œuvre.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :

  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation, y compris numérique.
  • Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :

  • Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Porter un regard curieux et avisé sur son environnement artistique et culturel, proche et lointain, notamment sur la diversité des images fixes et animées, analogiques et numériques.

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5) :

  • Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


* Chiharu SHIOTA, Counting Memories, installation : bureaux et chaises en bois, papier, laine noire, Silesian Museum, Katowice, Pologne.


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