Polaroid SX-70

« En plein jour et en quelques secondes, comme l’écriture invisible de notre enfance, les premiers contours d’une forme d’image apparaissent, puis, comme par magie, se modifient. Les couleurs se révèlent, au premier abord pâles, puis de plus en plus intenses, jusqu’à ce que, après quelques instants, mon ami sidéré tienne dans sa main un portrait en couleur de lui-même. »

L’invention du film couleur instantané Polaroid est en effet magique, mais la conception de l’appareil SX-70 est tout aussi surprenante. Connu pour son design élégant, le SX-70 est assez compact pour tenir dans une poche quand il est replié. Conçu par Henry Dreyfuss en 1972, le SX-70 a aidé la Société Polaroid à atteindre un plus large public en créant un appareil plus accessible, plus facile à utiliser et moins coûteux, mais logeant tout de même le mécanisme compliqué requis pour traiter le nouveau film de Polaroid.
Le SX-70 de Dreyfuss est fabriqué entre 1972 et 1981, la dernière aventure du creuset de la photographie instantanée de Polaroid. C’est le premier (et dernier) appareil instantané reflex mono-objectif, sa conception pliable posa à Dreyfuss des problèmes complexes concernant la gestion du chemin optique. Parmi les innovations, une batterie pour alimenter le moteur d’entraînement et le flash incorporé fut intégrée dans le bloc du film. Une attention toute particulière est accordée à la qualité de la construction et à la finition dans la mesure où le SX-70 vise les marchés professionnels et semi-professionnels.


Roses, Gestural Swipes, Les Krims, Polaroid, 1974

Pour Fictocryptokrimsographs, publié en 1975, Les Krims (Leslie Robert Krims) utilisa un Polaroid SX-70 appareil photo pour prendre une série de 40 clichés. Le SX-70 a été choisi, pour sa facilité de transport et pour la possibilité de travailler le gel du polaroid pas encore sec, visqueux, un peu comme de la peinture lors du développement de la photo. Cette série est constituée de diverses images bizarres et pleines d’humour, qui correspondent souvent à des jeux de mots ou à des parodies de la mode.


Celia, Los Angeles, 10 avril 1982, David Hockney, composite Polaroid, 1982

Au début des années 1980, Hockney commença à produire des collages photographiques de polaroids et d’impressions couleur, qu’il a appelés « joiners ». Du fait de l’utilisation de plusieurs polaroids ou photographies d’un seul et même sujet, Hockney a dû organisé une mosaïque, une image composite. Parce que les clichés sont pris sous des angles différents et à des moments légèrement différents, le résultat est un travail qui a une affinité avec le Cubisme.
La découverte des « joiners » s’est faite accidentellement. David Hockney a remarqué dans les années soixante que les photographes utilisaient très souvent des appareils photographiques avec des objectifs grand-angles. Il n’aimait pas les photographies obtenues car elles avaient l’air un peu déformées. Alors qu’il travaillait sur une peinture à Los Angeles, il prit quelques polaroids de la salle et colla l’ensemble. En regardant la composition finale, il réalisa qu’il venait de créer un récit, comme si le spectateur a traversé la pièce. Il a alors commencé à travailler davantage avec la photographie et a cessé de peindre pendant un certain temps pour poursuivre exclusivement cette nouvelle technique.


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