Un paysage n’est pas qu’un objet visuel


La Pie, Claude Monne, Musée d’Orsay

« Novembre est un beau mois. Mais il faut aimer le gris. Et l’œil en saisir la lumière. »
Gilles Vigneault, extrait de La Petite Heure

Termes utilisés lors de la verbalisation : valeur, ton, contraste, nuance, sfumato, perspective atmosphérique.

Références artistiques :
Paysage d’hiver, Pieter Brueghel l’Ancien, 1565, Musée des Beaux-Arts, Anvers
Nuit de neige à Kambara (estampe de la série des Cinquante-trois Stations du Tōkaidō), Utagawa Hiroshige, 25,6×38,3 cm, nishiki-e, 1833
La Charrette. Route sous la neige à Honfleur, Claude Monet, huile sur toile, 92,5×65 cm, vers 1867, Musée d’Orsay, Paris
La campagne recouverte de neige donne à Monet l’occasion d’étudier les variations de la lumière et de jouer sur les nuances. Souhaitant rénover la représentation du paysage, l’artiste utilise un nombre limité de teintes. Source https://www.musee-orsay.fr/
La Pie, Claude Monet, huile sur toile, 130×89 cm, région d’Étretat, 1868, Musée d’Orsay, Paris
Paysage d’hiver (La Gorge aux loups, forêt de Fontainebleau), Gustave Courbet, huile sur toile, 60×73 cm, 1870, Collection privée, François Bertin/ Granvaux/ Prolitteris
La Place du Chenil à Marly, effet de neige, Alfred Sisley, huile sur toile,  61,5×50 cm, 1876, Musée des Beaux-Arts de Rouen

Le mot « paysage » naît en Hollande et en Italie au 16e siècle, au moment où s’invente la pensée de l’étendue, de la perspective. La peinture hollandaise réduit alors la place réservée au premier plan des personnages ; l’arrière-plan des paysages se déploie et vient occuper l’essentiel du tableau (ce qui en Chine a eu lieu mille ans plus tôt).

À partir du 19e siècle, la peinture de paysage s’affirme comme un genre à part entière et comme lieu de recherche déterminant, avec Constable, Courbet, Turner, Van Gogh, Seurat et d’autres. Néanmoins, Baudelaire, dans son Salon de 1859 (: Lettres à M. Le Directeur de la Revue française), considère encore le paysage en tant que tel, c’est-à-dire étendue de visible, extérieure au sujet qui regarde, comme un « genre inférieur ».

Vers la fin du 19e siècle, malgré des réticences critiques, le paysage s’affranchit de la subordination à la figure et devient un thème de prédilection des recherches sur la couleur, la lumière, l’espace. Les impressionnistes en font leur sujet préféré, Cézanne s’y mesure à plusieurs reprises affirmant, dans les différentes versions de La Montagne Sainte-Victoire par exemple, la nature dans sa variété ainsi que les principes de structuration et de géométrisation propres à sa peinture.

Depuis, la représentation de l’espace n’a pas cessé de nourrir la peinture. Diffracté (Cubisme), réduit à ses lignes de force ou à la couleur pure (Abstraction), ouvert à l’infini ou se portant vers l’intérieur, cet espace représenté, s’adressant principalement à la vue, laisse la place, dans la deuxième moitié du 20e siècle, à l’espace présenté sous forme d’installations qui investissent l’espace vital du spectateur, sollicitant plusieurs de ses sens. Mettant en jeu sa relation à l’environnement, l’œuvre d’art se mesure aussi au lieu où elle s’expose, qu’il soit naturel ou muséal, comme le signifie l’expression in situ.


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