La Vague

Les vagues ne naissent pas quand elles déferlent sur la plage. Elles roulent longtemps en mer avant de se casser sur un repli de sable.

Geneviève Dormann (1933-2015), femme de lettres

La Grande Vague d’Hokusai sort de son plan d’impression.
Votre réalisation plastique, sous la forme d’un bas-relief ou d’une sculpture, utilise les matériaux et les techniques graphiques ou picturales retranscrivant au mieux la matérialité de la vague, tout en faisant ressortir le volume de cette dernière.

La Grande Vague de Katsushika HOKUSAI

L’estampe (ukiyo-e) Sous la grande vague au large de Kanagawa appartient à une série intitulée Trente-six vues du Mont Fuji. Ces estampes représentent le mont Fuji selon différents points de vues et à des saisons différentes. À l’origine, en 1830, Hokusai contacte un éditeur pour lui soumettre le projet d’une série de grandes estampes de paysages. La Grande Vague paraît dans une première série de dix estampes qui comprenait entre autres les célèbres Le Fuji par temps clair et L’Orage sous le sommet.

Cette série est célèbre car pour la première fois un artiste japonais intègre les techniques occidentales de représentation de la perspective. En outre, les Trente-six vues du mont Fuji sont des paysages, sujet traditionnel, mais Hokusai les traite en grand format, ce qui est inhabituel pour l’époque.

À l’origine « ukiyo » signifie “bas monde“. Lorsque les guerres se terminent à l’époque d’Edo (1603-1868), ce terme se traduit comme le fait de jouir des plaisirs d’une vie éphémère. Ukiyo-e désigne donc les “peintures” qui représentent avec légèreté les mœurs contemporains du monde dans lequel vivaient les gens de l’époque d’Edo. Elles seront diffusées à une large population grâce aux techniques d’impression. Par ailleurs, elles deviennent polychromes au 18e siècle. Certaines œuvres nécessitaient près de soixante planches de couleurs différentes avec des encres mêlées de poudre d’or ou de mica.

Exemplaire du Metropolitan Museum of Art (The MET), NY – https://www.metmuseum.org/art/collection/search/45434

Le paysage marin de La Grande vague a pour thème central une vague démesurée. Sa courbe rappelle celle du mont Fuji que l’on voit en arrière plan. S’élevant à 3 700 mètres, le mont Fuji paraît ici minuscule. Les plans sont juxtaposés verticalement et c’est la différence de taille qui donne une impression de profondeur. Ici, le travail de la perspective traite l’espace à la verticale, de haut en bas, comme dans certaines œuvres de Edgar DEGAS, de Vincent VAN GOGH ou de Georges SEURAT.

Un contraste très fort existe entre la mer brutale et l’arrière-plan calme. Le bleu intense de la mer s’oppose également à la couleur du ciel, ocre. La présence de l’homme est discrète. Les hommes sur des barques sont ballottés et à la merci des éléments de la nature. Ils semblent se prosterner devant cette immense vague.

Hokusai utilise le bleu de Prusse, pigment importé par les Hollandais en 1820 au Japon. Cette couleur permet de garantir son intensité dans le temps. D’ailleurs, ce bleu eut un tel succès que l’éditeur d’Hokusai lance une édition de certaines vues en bleu.

Le blanc du papier apparaît comme une réserve au niveau de l’écume des vagues et de la neige au sommet du mont Fuji.

Il s’agit d’un jeu de miroir autour du thème de l’eau : tantôt sous forme d’écume, tantôt sous forme neigeuse. Hokusai et ses contemporains jouaient énormément sur l’idée de contraste et de clair-obscur en travaillant l’encre de Chine par opposition au blanc de la feuille qui était apparente à différents endroits et qui était totalement intégrée à la représentation.

Sources :
Dossier pédagogique La Grande Vague – Collection Pont d’Art, CRDP de l’académie d’Aix-Marseille
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grande_Vague_de_Kanagawa

Objectifs

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • analyser une image et en retirer l’idée essentielle
  • comprendre les intentions d’un peintre à travers l’analyse de son œuvre
  • adapter en volume une représentation bidimensionnelle.

Questions

En quoi la composition de l’image peut-elle suggérer un récit ? Dans quelle mesure l’utilisation d’un motif peut-il suggérer le mouvement ? En quoi le vide peut-il être porteur de sens ? En quoi la technique utilisée détermine-t-elle la forme de l’œuvre ?

Dans quelle limite une œuvre plane peut-elle évoquer un effet de profondeur ? Comment alors adapter une composition plane en une composition ou organisation spatiale ?

Références artistiques possible

  • HOKUSAI, Sous la vague au large de Kanagawa (dite La Grande vague / Kanagawa oki namiura ; Trente-six vues du Mont Fuji / Fugaku sanjûrokkei), 1830-1832, impression polychrome (nishiki-e), Musée Guimet, Paris
  • Gustave COURBET, La Vague, 1869, huile sur toile, 65 × 88 cm, Brooklyn Museum, NY
  • Claude DEBUSSY, La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre, 1905, symphonie en 3 mouvements d’environ 25 min (1. De l’aube à midi sur la mer, 2. Jeux de vagues, 3. Dialogue du vent et de la mer)
  • Tadashi KAWAMATA, Under the Water, 2016, installation in situ au centre Pompidou Metz
  • Chris JORDAN, Gyre, 2009, installation de 2,4 millions de morceaux de plastique, 243 × 335 cm
  • Thierry KUNTZEL, The Wave, 2003, installation interactive avec vidéo, dimensions variables
  • SERSE, Ai sali d’argento, 2004, dessin au graphite sur papier et aluminium, 144 × 200 cm
  • Bernard PRAS, La Vague, 2007, installation, dimensions variables – https://bernardpras.fr/histoire_de_l_art/la-vague/
  • Caterina ROSSATO, Exercize n.7 / Dèja vu, 2014, assemblage, cartes postales, carton plume, pinces à dessin

Bernard Pras, La Vague, 2007
Caterina ROSSATO, Exercize n.7 / Dèja vu, 2014
Javier Jaén BENAVIDES (artiste graphique de Barcelone, Espagne)

Niveaux de maîtrise

Compétences

Maîtrises

1.2 – Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire en explorant divers domaines (dessin, collage, modelage, sculpture, photographie, vidéo…)

J’ai des difficultés à représenter le monde environnant ou à exprimer mon imagination à travers divers médiums artistiques.

Je commence à explorer différents domaines artistiques, mais j’ai besoin de plus de pratique mon expression restant peu développée.

+-

Je représente le monde environnant ou exprime mon imaginaire à travers divers domaines artistiques de manière fiable.

+

Je maîtrise avec assurance la représentation du monde environnant et la création d’œuvres imaginatives, en utilisant divers médiums artistiques.

++

3.2 – Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation

J’ai du mal à expliquer les choix artistiques dans mon projet et le cheminement de ma réflexion.

Je commence à fournir des explications pour justifier mes choix artistiques, mais celles-ci manquent de cohérence et de clarté.

+-

Je justifie clairement mes choix artistiques en expliquant le cheminement qui m’a conduit à la réalisation finale.

+

Je fournis des justifications convaincantes, approfondies et bien liées à mes choix artistiques, mettant en évidence une réflexion critique et un cheminement réfléchi.

++

4.2 – Identifier quelques caractéristiques qui inscrivent une œuvre d’art dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique, contemporain, proche ou lointain

Je n’identifie pas les caractéristiques permettant de situer une œuvre d’art dans son contexte géographique, culturel ou historique.

Je repère certaines caractéristiques permettant de situer une œuvre d’art, mais celles-ci restent peu précises.

+-

J’identifie avec assurance quelques caractéristiques plastiques, culturelles, sémantiques et symboliques situant une œuvre d’art dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique donné.

+

J’identifie de manière fiable les caractéristiques situant une œuvre d’art dans son contexte géographique, culturel et historique, en faisant preuve d’une analyse approfondie et d’une compréhension contextuelle avancée.

++


Références au programme du cycle 3


Questionnement(s)

La représentation plastique et les dispositifs de présentation :

  • les différentes catégories d’images, leurs procédés de fabrication, leurs transformations : la différence entre images à caractère artistique et images scientifiques ou documentaires, l’image dessinée, peinte, photographiée, filmée, la transformation d’images existantes dans une visée poétique ou artistique.

Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace :

  • l’hétérogénéité et la cohérence plastiques : le sens produit par des techniques mixtes dans les pratiques bidimensionnelles et dans les fabrications en trois dimensions.

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

– Expérimenter, produire, créer

  • 1.1 – Choisir, organiser et mobiliser des gestes, des outils et des matériaux en fonction des effets qu’ils produisent.
  • 1.2 – Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire en explorant divers domaines (dessin, collage, modelage, sculpture, photographie, vidéo…).

Composantes théoriques (méthodologiques et sociales)

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir l’altérité

  • 3.2 – Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation.

Composantes culturelles

– Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art

  • 4.2 – Identifier quelques caractéristiques qui inscrivent une œuvre d’art dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique, contemporain, proche ou lointain.

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