Une photo revitalisée

À la fin des années 80, l’allemand Thomas RUFF commence une série de portraits de jeunes gens en reprenant les codes de la photo d’identité, documentaire et objective par vocation. Il ne se livre à aucune manipulation lors de la prise de vue, mais travaille avec un appareil grand format qui lui permet d’obtenir de très grands tirages. Une image très banale parvient ainsi à attirer l’attention, du simple fait de ses dimensions. Ce procédé tend en outre à dévitaliser le portrait, et là où on pouvait s’attendre à de grandes révélations sur le caractère et la psychologie du sujet, c’est au contraire un profond sentiment d’anonymat qui se dégage.

Thomas RUFF, Portrait (Andrea Knobloch), 1990, épreuve chromogène, 210 × 165 cm, Centre Pompidou, Paris

À l’inverse du travail artistique de Thomas RUFF décrit ci-dessus, votre travail numérique consistera à revitaliser (dynamiser) la photographie d’identité.

#photographie #retouche #filtre #réel #fiction

Objectifs

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • identifier l’écart entre une photographie et son référent
  • comprendre qu’il peut exister un dialogue pertinent entre la représentation et l’écart avec le référent
  • saisir que l’écart dans la représentation peut échapper à l’artiste de manière intentionnelle ou non
  • comprendre que les effet plastiques d’une œuvre d’art expriment les intentions de l’artiste
  • utiliser à bon escient les effets visuels.

Questions

Dans quelle mesure la représentation est-elle fidèle au référent ? En quoi l’écart est-il porteur de sens ? En quoi l’écart change-t-il la perception du référent dans la représentation ? Dans quelle limite la représentation du référent change-t-elle la perception de celui-ci ? En quoi la représentation fait-elle œuvre ?

Références artistiques possible

  • Henri MATISSE, La Raie verte, 1905, huile sur toile, 40,5 × 32,5 cm
  • Andy WARHOL, Shot Sage Blue Marilyn, 1964, encre et acrylique sur toile, 101,6 × 101,6 cm (vente record de $195.000.000 en mai 2022)
  • Andy WARHOL, Debbie Harry (Blondie), 1985, Andy WARHOL peint le portrait de la chanteuse Debbie Harry à l’aide d’un ordinateur Amiga 1000.
  • Arnulf RAINER, Sans titre (Autoportrait), 1969, série Face-farces, acrylique sur photographie en noir et blanc, 43 × 60 cm
  • Bill ARMSTRONG, Portrait #302, 2000, photographie couleur – https://www.billarmstrongphotography.com
  • Valérie BELIN, Série Mannequins, 2003, épreuve gélatino-argentique, 161 × 125 cm – https://valeriebelin.com/works/mannequins
  • ORLAN, détail de Self-hybridation Opéra de Pékin #1, de la série Masques Pékin, Facing designs et réalité augmentée, 2014, photographie numérique couleur
  • Cindy SHERMAN, Goo-Goo Eyes, 2017, autoportrait utilisant de manière excessive les filtres et logiciels de retouche photo pour smartphone – https://www.instagram.com/cindysherman/
Arnulf RAINER, Sans titre (de la série Face Farces), 1969,
acrylique sur photographie en noir et blanc, 59,6 × 50 cm,
Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne
Bill ARMSTRONG, Portrait #302, 2000, photographie couleur

Niveaux de maîtrise

Compétences

Maîtrises

1.3 – Rechercher une expression personnelle en s’éloignant des stéréotypes

Je reproduis simplement des clichés sans apporter de touche personnelle.

Je commence à explorer une expression personnelle, mais elle reste limitée et peu évidente.

+-

Je parviens à m’éloigner des stéréotypes et à exprimer des idées personnelles à travers mon travail.

+

J’ai une expression artistique convaincante et personnelle, évitant complètement les stéréotypes.

++

1.4 – Intégrer l’usage des outils informatiques de travail de l’image et de recherche d’information, au service de la pratique plastique

Je n’utilise pas efficacement les outils informatiques pour soutenir ma pratique artistique.

Je commence à explorer l’utilisation d’outils informatiques, mais ma pratique est encore limitée.

+-

J’intègre de manière fiable l’usage des outils numériques au service de ma pratique artistique.

+

J’utilise avec pertinence et de manière innovante les outils numériques et les mets au service de l’amélioration de mon processus créatif et de mes productions artistiques.

++

3.2 – Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation

J’ai du mal à expliquer les choix artistiques dans mon projet et le cheminement de ma réflexion.

Je commence à fournir des explications pour justifier mes choix artistiques, mais celles-ci manquent de cohérence et de clarté.

+-

Je justifie clairement mes choix artistiques en expliquant le cheminement qui m’a conduit à la réalisation finale.

+

Je fournis des justifications convaincantes, approfondies et bien liées à mes choix artistiques, mettant en évidence une réflexion critique et un cheminement réfléchi.

++

4.1 – Repérer, pour les dépasser, certains a priori et stéréotypes culturels et artistiques

J’ai du mal à reconnaître les a priori et les stéréotypes culturels et artistiques présents dans mon travail et dans les œuvres étudiées.

J’identifie certains a priori et stéréotypes, mais ai du mal à les dépasser dans ma pratique artistique.

+-

J’identifie de manière fiable les a priori et les stéréotypes culturels et artistiques, et fais des efforts pour les dépasser dans ma création artistique.

+

Je repère, analyse et dépasse de manière critique les a priori et les stéréotypes culturels et artistiques, en faisant preuve d’une démarche réflexive approfondie.

++


Références au programme du cycle 3


Questionnement(s)

La représentation plastique et les dispositifs de présentation :

  • la ressemblance : découverte, prise de conscience et appropriation de la valeur expressive de l’écart dans la représentation,

Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace :

  • l’hétérogénéité et la cohérence plastiques : les questions de choix et de relations formelles entre constituants plastiques divers, la qualité des effets plastiques induits ; le sens produit par des techniques mixtes dans les pratiques bidimensionnelles.

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

– Expérimenter, produire, créer

  • 1.3 – Rechercher une expression personnelle en s’éloignant des stéréotypes.
  • 1.4 – Intégrer l’usage des outils informatiques de travail de l’image et de recherche d’information, au service de la pratique plastique.

Composantes théoriques (méthodologiques et sociales)

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir l’altérité

  • 3.2 – Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation.

Composantes culturelles

– Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art

  • 4.1 – Repérer, pour les dépasser, certains a priori et stéréotypes culturels et artistiques.

*Image mise en avant de Alexey Demidov – pexels.com


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