I shop therefore I am

Barbara KRUGER (1945, Newark, New Jersey, USA)

À partir d’un travail d’appropriation*, elle mène, dans le domaine de l’image comme dans celui du langage, une critique des lieux communs et stéréotypes. Utilisant des photos qu’elle agrandit, retaille et combine, afin d’en souligner le caractère stéréotypé, elle leur juxtapose ou superpose des textes reprenant eux-mêmes des clichés du langage.

*Appropriation : Action d’adapter, de rendre propre à une utilisation, à une visée.

I shop therefore I am

Barbara KRUGER, Untitled (I shop therefore I am), 1987, sérigraphie, 280×283 cm

Graphiste de formation, Barbara KRUGER élabore un vocabulaire artistique singulier et définit un style qui devient sa signature : elle utilise des photographies noir et blanc provenant d’anciens magazines que, selon son expression, elle « intercepte », rephotographie et agrandit. Elle associe ensuite ces images à des slogans inspirés de la publicité et de la société de consommation.

I shop therefore I am emprunte les codes de la publicité, pour mieux les subvertir : nombre limité de couleurs (rouge, blanc, noir et différentes valeurs de gris), visuel simple qui accroche l’œil du spectateur, slogan positionné au centre de l’image et se détachant sur fond rouge.

Critique violente de la société de consommation, cette œuvre est un détournement de la célèbre formule du philosophe français du 17e siècle René DESCARTES : Je pense donc je suis. J’achète donc je suis renverse la proposition cartésienne qui veut désormais que l’existence humaine se juge à son aptitude à consommer des biens.

Ce slogan ne laisse aucun doute sur la signification de l’œuvre : elle est destinée à empoigner visuellement le spectateur, à l’interpeller ou le choquer pour l’amener à réfléchir à ce qu’il est. Si pour le philosophe, c’est le fait de penser qui nous fait prendre conscience de notre existence, Barbara Kruger semble dire qu’à notre époque de consommation effrénée, c’est notre faculté d’acheter (de consommer) qui nous donne une identité.


Après avoir effectué quelques recherches documentaires sur les œuvres de Barbara KRUGER, proposez une production plastique reprenant les codes d’une publicité détournée*. Ayez pour cette réalisation une véritable réflexion critique de la société de consommation.

#société de consommation #consumérisme #détournement #art engagé

*Détourner : en arts plastiques, c’est utiliser une image ou un objet existant en modifiant son sens original ou sa fonction. Le détournement est la réutilisation par un artiste de slogans, d’images publicitaires, de campagnes de marketing pour créer une nouvelle œuvre portant un message différent, souvent opposé au message original. C’est une sorte de parodie satirique, qui réutilise ou imite l’œuvre originale. Le détournement le plus connu est le détournement publicitaire. (Wikipédia)

Barbara KRUGER, Untitled (We don’t need another hero), 1987, sérigraphie, 276,5×531,3 cm

Objectifs pédagogiques

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • être capable de donner une signification artistique à une image publicitaire
  • tirer parti des codes de communication de la publicité
  • être capable de maîtriser l’outil informatique (recherche et logiciel de retouche photo).

Questions abordées

Comment donner à voir une nouvelle image, faire évoluer son statut ? Quels liens existent entre l’art et la société de consommation ? Dans quelle mesure l’art glorifie-t-il ou dénonce-t-il la société de consommation ?

Références artistiques possibles

  • John HEARTFIELD, Adolf l’Übermensch : avale de l’or et recrache des insanités, 1932, photomontage, AIZ 11. no. 29, J. Paul Getty Museum
  • CÉSAR, Compression Ricard , 1962, tôle d’acier laquée compressée, 153×73×65 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Andy WARHOL, Campbell’s Soup Cans, 1962, peinture polymère synthétique peinte sur 32 cadres, chaque cadre mesure : 50,8×40,6 cm
  • Andy WARHOL, Green Coca-Cola Bottles, 1962, peinture acrylique, sérigraphie et graphite sur toile, 210,2×120,53 cm, Whitney Museum of American Art
  • Andy WARHOL, Brillo Boxes, 1964, boîtes en contre-plaqué avec sérigraphie et acrylique, boîte : 43,2×43,2×35,6 cm chacune
  • ERRÓ, Foodscape, 1964, collage marouflé sur toile, 200×300 cm
  • Duane HANSON, Lady Market, 1969, polyester, fibre de verre, peinture acrylique, huile, cheveu, prothèse oculaire, chariot de supermarché, boîte de conserve et nourriture, 166×130×65 cm
  • Barbara KRUGER, Untitled (I Shop therefore I Am), 1987, sérigraphie, 280×283 cm
  • Andreas GURSKY, 99 cent, 1999, photographie, 206,5×337×5,8 cm, Centre Pompidou, Paris
  • ZEVS, Visual Attack, 2001, affiche publicitaire, peinture rouge. L’artiste « exécute » les top modèles d’affiches publicitaires en leur bombant un point rouge dégoulinant au milieu du front.
  • Jean-Baptiste MONDINO, pochette disque de J’accuse de Damien SAEZ, 2010, photographie
  • BANKSY, La Chute, nov 2011, pochoir, Londres
  • Vermibus, Dissolving Europe, 2013, affiches publicitaires (dans abribus) modifiées au dissolvant
  • Wang GUANGYI, Great Criticism, Coca Cola, 2015, huile sur toile, 150×120 cm
  • Jani LEINONEN, The Most Terrible Things, 2015, acrylique sur polystyrène, 920×391×40 cm

Références au programme du cycle 4


Questionnement(s)

La représentation ; images, réalité et fiction :

  • la création, la matérialité, le statut, la signification des images : l’appréhension et la compréhension de la diversité des images ; les différences d’intention entre expression artistique et communication visuelle, entre œuvre et image d’œuvre
  • la conception, la production et la diffusion de l’œuvre plastique à l’ère du numérique : les incidences du numérique sur la création des images fixes et animées, sur les pratiques plastiques en deux et en trois dimensions.

L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur :

  • la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre : le rapport d’échelle, l’in situ, les dispositifs de présentation, la dimension éphémère, l’espace public.

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

Expérimenter, produire, créer

  • 1.2 – S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • 1.6 – Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Composantes théoriques (méthodologiques et sociales)

Mettre en œuvre un projet artistique

  • 2.1 – Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité

  • 3.2 – Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Composantes culturelles

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art

  • 4.3 – Proposer et soutenir l’analyse et l’interprétation d’une œuvre.

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