Licorne

Mattheus PLATEARIUS, Livre des simples médecines XVe siècle BNF, Manuscrits français

La licorne, parfois nommée unicorne, est une créature légendaire à corne unique. Son origine, controversée, résulte de multiples influences, en particulier de descriptions d’animaux tels que le rhinocéros et l’antilope, issues de récits d’explorateurs.
La licorne occidentale se distingue de ses consœurs asiatiques par son apparence, son symbolisme et son histoire. Sous l’influence du Physiologus, les bestiaires occidentaux et leurs miniatures la décrivent comme un animal sylvestre hardi et très féroce, symbole de pureté et de grâce, s’approchant volontiers de jeunes filles vierges.
Son aspect symbolique, très riche, l’associe à la dualité de l’être humain, la recherche spirituelle, l’expérience du divin, la femme vierge, l’amour et la protection.
La représentation physique de la licorne occidentale se fixe entre le cheval et la chèvre blanche à la fin du Moyen Âge. Elle se voit dotée d’un corps équin, d’une barbiche de bouc, de sabots fendus, et surtout d’une longue corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue, qui constitue sa principale caractéristique, comme dans la série de tapisseries La Dame à la licorne .
La licorne devient l’animal imaginaire le plus important de l’Occident chrétien depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin de la Renaissance. Depuis la fin du XIXe siècle, elle figure parmi les créatures typiques des récits de Fantasy et de féerie, grâce à des œuvres comme De l’autre côté du miroir de Lewis CARROLL, La Dernière Licorne de Peter S. BEAGLE, Legend de Ridley Scott, ou encore Unico d’Osamu TEZUKA. Son imagerie moderne s’éloigne de l’héritage médiéval, pour devenir celle d’un grand cheval blanc « magique », avec une corne unique au milieu du front. 

Enjeux de la séance

  • Découvrir et comprendre le rapport à l’animal au travers d’œuvres d’artistes.
  • Réfléchir sur la conception de l’animalité.
  • Affirmer des choix formels et expressifs pour développer leur créativité.
  • Croiser les sciences, le numérique, l’histoire, la littérature, la poésie et les arts plastiques.
  • Cultiver une attitude de curiosité pour les productions artistiques primitives ou contemporaines, locales ou internationales.

Pour cette séance, vous réaliserez une représentation minutieuse d’un monstre* ou d’un hybride**.
En vous appuyant sur les références artistiques proposées, votre travail graphique, pictural, photo-numérique ou sculptural vous amènera à vous interroger sur la construction du corps de la bête et plus particulièrement sur le caractère hybride de celui-ci.

* Le monstre est un animal présentant des anomalies graves : un cheval à huit pattes
ou un canard à trois becs. Si l’étymologie du mot « monstre » vient du latin monstrum, dérivé de monere qui signifie « faire penser, attirer l’attention sur », monstrum reste un terme du vocabulaire religieux désignant un prodige avertissant de la volonté des dieux, un signe à déchiffrer. Le monstre est donc un signe divin, une chose incroyable. Ce n’est qu’au xiie siècle que le mot désignera des êtres mythologiques ou légendaires. Il est également appliqué,
à la même période, aux hommes qui possèdent un physique effrayant, un homme, par exemple, défiguré par la peste.
** L’hybride vient du latin classique ibrida signifiant « bâtard, de sang mêlé » et, spécialement, « produit du sanglier et de la truie ». C’est un être composite procédant de la réunion de plusieurs éléments caractéristiques d’espèces différentes comme la serre, la licorne, le dragon, le basilic. Le martichore, par exemple, que Pline situe en Éthiopie, ressemble à un lion rouge
à queue de scorpion. Il est très cruel. Son nom en persan signifie « mangeur d’homme ».
Source dossier pédagogique Les animaux fabuleux de la BnF
Hybride : adj. constitué de deux ou plusieurs éléments qui ne se trouvent pas normalement ensemble.

Références artistiques

  • La Dame à la Licorne,  1484 -1538, composition de six tapisseries, Musée national du Moyen-Âge, Musée de Cluny, Paris, https://youtu.be/WQh2QYt7i8A
  • Bernhard DE BREYDENBACH, Pèlerinage en Terre sainte et au Saint-Sépulcre, 1486, gravure sur bois, impression sur peau de vélin
  • Jérôme BOSCH, Le Jardin des Délices, 1503-1504, triptyque, peinture à l’huile, Musée du Prado, Madrid, https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Jardin_des_délices
  • Jérôme BOSCH, La Tentation de Saint Antoine, 1506, trityque, Musée National de Lisbonne
Conrad GESSNER, Historia Animalium, 1558
  • Conrad GESSNER, Bestiaire Historia Animalium, 1558, Bayerische Staatsbibliothek München :
    – Satyrus marinus (satyre de mer)
    – Cetus britannicus (baleine britanique)
    – Leo Marinus (lion de mer)

    Hormis les anecdotes sur les cétacés réels mais peu connus, Gessner présente tout un éventail d’observations de monstres et établit une connexion entre sirènes classiques, fées aquatiques et sirènes prémodernes. L’approche encyclopédique de Gessner montre que sa discussion s’insère dans les discussions savantes du milieu du XVIe siècle ; elle nous fait mieux connaître les pensées de plusieurs de ses contemporains sur les cétacés, la position des monstres dans la classification des espèces et l’existence des monstres marins.
  • Conrad GESSNER, Monocerote, Historia animalium I : de quadrupedibus, 1551, gravure sur bois (en bandeau)
  • Paolo CALIARI, dit VÉRONÈSE, Persée délivrant Andromède, 1568, huile sur toile, 260 x 211 cm
  • Domenico ZAMPIERI, Jeune fille vierge et licorne, 1604-1605, détail d’une fresque au Palais Farnèse à Rome
  • Antoine DIEU, Pan et Syrinx, huile sur toile 32,5 x 43,5 cm
  • Redmer HOEKSTRA, Portefolio 2012, redmerhoekstra.nl
  • Claude et François-Xavier LALANNE, L’Homme à la tête de chou, 1970, sculpture en bronze
  • CÉSAR, Centaure, 1983, statue-assemblage en bronze, Place Michel-Debré, Paris
Joan FONCUBERTA, Alopex Stultus, 1985-1989
  • Joan FONTCUBERTA, Fauna, 1985-89, photographies
    Dans cette série, l’artiste prétend montrer des animaux chimériques qu’il aurait découverts, empaillés, en Écosse, à partir des recherches d’un scientifique mystérieusement disparu. Dans son bestiaire apparaissent : des serpents à pattes, des singes ailés, des oiseaux à carapace et même un monstre du Loch Ness. Il a lui-même fabriqué ces monstres, constitués de parties réelles d’animaux empaillés. Pour rendre cette œuvre plus réaliste, Fontcuberta a créé de faux documents prouvant l’existence de ces animaux.
    Ex. Alopex Stultus : photo du bipède poilu à tête de tortue, pouvant se camoufler verticalement comme un arbuste
  • Rona PONDICK, Animal/ Human Hybrids, 1998-2013,
  • https://www.ronapondick.com/animal-human-hybrids
  • Thomas GRÜNFELD, Misfit, 2000, taxidermie
    Collages improbables d’animaux empaillés de différentes espèces, les Misfits matérialisent des chimères semblant tout droit sorties d’un rêve. Le spectateur découvre ces animaux hybrides présentés derrière des vitrines qui ne sont pas sans rappeler les cabinets des curiosités du 18ème siècle.
Thomas GRÜNFELD, Misfit, 2000

Questionnement(s) :

  • La représentation ; images, réalité et fiction : la ressemblance – la création, la matérialité, le statut, la signification des images.
  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : l’objet comme matériau en art – les représentations et statuts de l’objet en art – le numérique en tant que processus et matériau artistiques (langages, outils, supports).

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Recourir à des outils numériques de captation et de réalisation à des fins de création artistique.
  • Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :

  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5) :

  • Reconnaitre et connaitre des œuvres de domaines et d’époques variés appartenant au patrimoine national et mondial, en saisir le sens et l’intérêt.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


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