Mon art, mon arme

Se servir de l’image d’une arme à feu pour en faire une œuvre ne peut pas être un geste neutre. Pour certains artistes en détournant* l’objet de mort (ou sa représentation) et en se le réappropriant, c’est un moyen de dénoncer par l’absurdité nos sociétés violentes. Pour d’autres, c’est une solution pour exorciser le passé.

* Dans le domaine artistique, le détournement concerne généralement les images, les œuvres, les objets, les matériaux industriels et naturels, quelles que soient leur taille et leur matière. Le détournement consiste alors en une modification du sens de l’image ou de la fonction de l’objet. Le contexte et le lieu peuvent également jouer un rôle dans le détournement. Celui-ci modifie donc ce qui existait antérieurement.

Transformez cet objet de mort en création de façon à se le réapproprier et à le détourner de sa vocation initiale et d’en faire quelque chose d’autre : une œuvre.

#détournement #art engagé

Objectifs

  • Approcher la démarche artistique et sociologique du processus de la création.
  • Prendre position et discuter de son point de vue sur un sujet de société.
  • Appréhender des notions de l’histoire de l’art.

Qu’est-ce que l’art engagé ? Comment l’engagement de l’artiste se traduit-il dans son œuvre ? Comment l’artiste s’implique-t-il (personnellement) dans son œuvre et dans son époque ?

Références artistiques possibles

  • Otto DIX, La Guerre, tempera sur panneaux de bois, dimensions du panneau central : 204 x 102 cm.
  • Maurice HENRY, Dans le miroir, 1966-1975, révolver entouré d’un bandage médical tâché de rouge, 35 x 54 cm.
  • Carl-Fredrik REUTERWÄRD, Non-violence, 1985, sculpture en bronze, 1,50 m de haut. L’œuvre représente un révolver (Colt Python 357) au canon noué et existe en de nombreuses versions. L’artiste a commencé à travailler sur le projet de cette sculpture à la suite du meurtre du musicien et chanteur britannique John Lennon en décembre 1980.
  • Daniel DEZEUZE, Armes de poing, 1987-1989, bois et métaux divers. Posées sur une table, ces Armes de poing se composent d’un assemblage hétéroclite d’objets de récupération. Elles imitent révolvers et pistolets avec la possibilité physique d’une prise en main, mais il est inenvisageable de s’en servir réellement.
  • André ROBILLARD, M16 Américain USA, 1994, bois, ruban adhésif, cartouche, tube en métal, fil de fer, culot d’ampoule à vis, bouchon en liège, couvercle en plastique, pile, flacon de poudre à récurer, boîtier en plastique, punaise, clou, stylo à bille, stylo-feutre, 154.3 x 40 x 21,5 cm, 6 kg, Le LaM, Villeneuve-d’Ascq – Lille Métropole.
  • Benjamin VAUTIER dit BEN, L’art est une violence camouflée, 1998, assemblage d’armes en plastique sur bois, peinture acrylique, 77 x 80 x 5,5 cm, Collection de l’artiste.
  • Antonio RIELLO, Ladies Weapons, depuis 1998, série de vrais fusils décorés. L’artiste mélange le glamour de la mode avec la fascination perverse et morbide commune pour l’armement et la violence. Ces œuvres — réalisées à l’aide de peaux de léopard, de couleurs laquées vives, de bijoux, de fourrures, de tissus à la mode et d’appareils technologiques spéciaux — interrogent la limite entre l’attrait du beau et la répulsion du mal.
  • Sylvie RENO, Histoire naturelle, 2000, reproduction de différents pistolets (Golan 40 S&W, Mauser M2, Heckler & Koch PSP…) en carton ondulé.
  • Hervé Di ROSA, La Prière (à la fusée), 2001, acrylique sur toile, 97 x 99 cm.
  • Philippe PERRIN, Gun Club, 2002, coffret, révolver et 6 balles en fonte d’aluminium, acier inoxydable, résine et bois, 55 x 33 cm.
  • Joël DUCOROY, A John, Marvin et les autres, 2005, installation, plaques minéralogiques, 55 x 75 cm, Collection de l’artiste.
  • Charles KRAFT, AK47 Kalashnikov, 2013, objet moulé en porcelaine de Delft, 26 cm x 88 cm. La technique principale de Charles Krafft est le moulage d’objets en porcelaine. Ces objets sculpturaux sont ensuite peints à la main ou décorés d’autocollants de transfert en céramique avant la dernière cuisson. Ce processus, basé sur les traditions néerlandaises de Delft conduit à des œuvres d’art à la fois séduisantes et extravagantes.
  • Gonçalo MABUNDA, O trono da Alvadorada, 2017, masque, assemblage d’étuis et de douilles.
Carl-Fredrik REUTERWÄRD, Non-Violence, 1985, sculpture devant les Nations Unies à New York
André ROBILLARD, M16, 1994, Collection LaM, Lille

Questionnement(s) :

  • La représentation ; images, réalité et fiction : l’autonomie de l’œuvre d’art, les modalités de son autoréférenciation – la création, la matérialité, le statut, la signification des images.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :

  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :

  • Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.
  • Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.
  • Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles.
  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.
  • Confronter intention et réalisation dans la conduite d’un projet pour l’adapter et le réorienter, s’assurer de la dimension artistique de celui-ci.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5) :

  • Proposer et soutenir l’analyse et l’interprétation d’une œuvre.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine



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