Otto Dix


Les Joueurs de Skat, Otto Dix, huile sur toile et collage, 110×87 cm, 1929

Dix Otto (1891, Gera-Untermhaus – 1969, Singen)
Peintre, dessinateur et illustrateur allemand, l’un des principaux représentants de la Neue Sachlichkeit. D’abord apprenti peintre-décorateur, il fait ses études à l’École des arts appliqués de Dresde (1904-1914), et découvre Nietzsche. Après la guerre, où il est au front, il reprend ses études à Dresde jusqu’en 1922, et participe à la fondation de la Sécession de Dresde. Élève particulier de Heinrich Nauen à Düsseldorf, il part brièvement à Berlin, puis revient enseigner à Dresde. Il en est licencié en 1933 : on lui reproche de démoraliser l’armée et de dégrader la femme allemande, et il lui est interdit d’exposer. En 1936, il s’installe près du Bodensee en « émigration intérieure » et, dès l’année suivante, 260 de ses œuvres sont retirées des collections publiques allemandes. Ce n’est qu’en 1955 qu’il est à nouveau reconnu comme un artiste important. Ses premiers autoportraits (1912-1914), sous l’influence de Van Eyck et Cranach, témoignent d’une objectivité teintée de primitivisme. Pendant la guerre, il dessine inlassablement les événements du front et des tranchées, qui lui inspireront plus tard de très nombreuses gravures, d’une rare violence, pendant que sa peinture recourt à des tons crus et dissonants pour railler le culte du héros militaire (Der Schützengraben, 1920-1923, détruit) et mettre en évidence le déclin de toute valeur morale. Dans son vérisme acéré, Dix présente un panorama de la situation sociale pendant la république de Weimar (GroßStadt, 1927-1928, Galerie der Stadt, Stuttgart). Fasciné par la prostitution, la vie dans la rue, la laideur de son temps, son témoignage est amer, mais sans idéologie politique, et relève uniquement d’une expérience subjective, qui accueille la laideur au même titre que la beauté, parce que « c’était comme ça et pas autrement ». Vers 1925, à côté des « créatures sans éclat », il portraiture ses amis : les personnages ne sont jamais flattés, mais expriment leurs caractéristiques individuelles et typiques (Sylvia von Harden, 1926, MNAM, Paris). Après 1933, il se retire du milieu artistique, intégrant sa haine du nazisme dans quelques tableaux d’allégories religieuses. Il fuit le conflit en peignant principalement des paysages de sa région d’exil. À partir de 1943, il se tourne vers un néo-romantisme plus expressif, qui reste parfois hanté par les souvenirs de la peinture ancienne.

Encyclopédie de l’art moderne et contemporain, Hazan, RMN et Videomuseum, 1995


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