Rebours du selfie à l’autoportrait

Je ne suis pas ce que les contraintes sociales et culturelles veulent faire de moi.

À une époque où la pratique du selfie est devenue un véritable phénomène de société (caractéristique de l’ère hyper connectée du numérique), l’objectif de cette séquence sera de s’interroger sur la tradition et les usages de l’autoportrait.

Entre l’autoexhibition extravertie et l’autofiguration intime, vous proposerez un autoportrait questionnant les modalités de l’autoreprésentation.

Selfie : autoportrait photographique (narcissique) pris dans un contexte social, festif ou touristique avec un smartphone.

Au milieu des années 2010, des essais explorent la nature de ce phénomène socio-culturel, d’un point de vue sociologique, esthétique, philosophique, psychologue et moral, et mettent en lumière la manifestation d’une stratégie communicationnelle qui vise à compenser la perte du réel dans une société contemporaine où l’écran est miroir du monde. L’essayiste Jean-Paul Brighelli souligne la différence entre l’autoportrait en peinture et le selfie : « la peinture suppose un travail, une réinterprétation — elle fait œuvre — », permise par une éducation du regard et de la main. Brighelli oppose le selfie, expression narcissique d’un « culte hédoniste de l’instant présent » à l’autoportrait peint, expression d’un travail sur soi-même et de l’insertion dans une culture artistique. […] À l’inverse, l’historien André Gunthert rappelle que l’utilisation de daguerréotypes, à l’époque, a été qualifiée également de pratique narcissique. Il rappelle aussi que les selfies réalisés sont souvent collectifs, loin de l’autoportrait, et incorporent couramment de l’humour et de la dérision. La vraie nouveauté pour lui, c’est que ces images ne sont pas classées dans un album ou accrochées au mur, mais communiquées par réseau. C’est une forme d’expression sociale, un « embrayeur de conversation ».
(source Wikipédia)


Selfie pris par un macaque ayant volé l’appareil-photo du photographe animalier David Slater, 2011

Références artistiques possibles :

  • REMBRANDT, Autoportrait, 1652, huile sur toile, 112 x 81,5 cm, Vienne, Kunsthitorisches Museum
    REMBRANDT, Autoportrait, 1658, huile sur toile, 133,7 x 103,8 cm, New York, Frick Collection
    REMBRANDT, Autoportrait, 1669, huile sur toile, 63,5 x 57,8 cm, La Haye, Mauritshuis
  • Gustave COURBET, L’Homme blessé, 1844-1854, 82 cm x 98 cm, Musée d’Orsay, Paris
  • Vincent VAN GOGH, Autoportrait à l’oreille coupée, 1889, huile sur toile, 51 cm x 45 cm, Kunsthaus, Zurich
  • Frida KAHLO, Autoportrait aux cheveux coupés, 1940, huile sur toile, 40 x 28 cm, New York, The Museum of Modern Art
  • Norman ROCKWELL, Triple autoportrait, 1960, huile sur toile, 113,5 x 87,5 cm, Musée Norman Rockwell, Stockbridge
  • Francis BACON, Selfportrait (Autoportrait)1971, huile sur toile, 35,5 x 30,5 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Arnulf RAINER, Angst (portrait de l’artiste), 1971, peinture à l’huile sur photographie, 120 x 88 cm


René MAGRITTE, La Reproduction interdite, 1937, huile sur toile, 81 x 65 cm, Musée Boijmans Van Beuningen, Hollande


  • Questionnements :
    La représentation ; images, réalité et fiction : la ressemblance – l’autonomie de l’œuvre d’art, les modalités de son autoréférenciation.
  • Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :
    Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
    S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5) :
    Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.
    Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.
  • S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir l’altérité (D1, D3, D5) :
    Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.
    Porter un regard curieux et avisé sur son environnement artistique et culturel, proche et lointain, notamment sur la diversité des images fixes et animées, analogiques et numériques.
  • Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5) :
    Prendre part au débat suscité par le fait artistique.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


Publié

dans

Étiquettes :